27 décembre 2008

Se décrocher la mâchoire.

.

( vers ennéasyllabiques)

Lorsque par malheur ma mandibule
Hors de propos se démantibule
C’est alors que l’on m'entend crier
Fort depuis le vaste vestibule
Un pape ne pourrait pas prier
Il en sursauterait dans ses mules
Et dedans son antique encrier
L’encre bleue bénite aurait des bulles
.
Dans cet univers mandibulaire
On trouve encor de grosses molaires
Aux emplacements alvéolaires
La langue y va perpendiculaire
Puis revient vers les lèvres souvent
Afin de savoir d'où vient le vent
.
Aérons notre vocabulaire
Juste sous les coins auriculaires
On a des machins articulaires
Qui font très mal en se décrochant
Mais il faut savoir ouvrir très grand
Là je ne vous dis pas la galère
Chez le dentiste patibulaire

Oui chez le dentiste ou pour le chant
Lorsque l’on fait la la la la lère
Depuis le matin jusqu’au couchant
Et que la voisine atrabilaire
Plisse ses gros yeux d’un air méchant.

18 décembre 2008

Afrique.

Des zèbres vont en galopant éperdument
Assise à table on voit songer une jument

À l’écart un dromadaire
Feuillette un abécédaire

Des fauves sont là pour vous effrayer
N’en ayez pas peur ils sont empaillés

Soudain surgit une éléphante
Que son acidité(*) augmente

Qui s’invite en ces lieux et réclame à grands cris
Un grand bol s’il vous plait de thé vert à la menthe

Je compose mes vers et qu’il pleuve ou qu’il vente
Veuillez dit la jument vous taire quand j’écris

Un air d’harmonica s’élève sous la tente

Et j’intercède ici pour Melchior l’âne gris
Sevré de chocolat qui si fort se lamente.

(*) acidité: pé-hach

02 décembre 2008

Romans.

D’Alexandre Dumas le brave Edmond Dantès que
L’on sépara de Dolorès vingt ans plus tôt
Revient soudain sous le nom de Monte-Christo
Et mange alors le plat de vengeance enfin presque

Qu’a-t-il donc entrepris La tâche est gigantesque
Le récit de sa vie suscite bien des oh
Et des ah Et l’auteur empile ce qu’il faut
De rebondissements abracadabrantesques

Qu’on aime à rester là bien calé sur son lit
A feuilleter ravi ces livres d’aventures
Les vertèbres du cou arc-boutées au châlit

Par la fenêtre ouverte on voit dans la verdure
Un oiseau qui voudrait savoir ce que l’on lit
Sa curiosité se perd en conjectures.
.

27 novembre 2008

Retraverser la Manche.

N’oubliez le violoncelle
Mis dans son étui la belle

Au diable vauvert si nous y partions
Que resterait-il de vos partitions

Le fils du roi a fait naufrage
L’héritier de Henry Beauclerc

Ce sont des récits d’un autre âge
Terrible alors était la mer

Adieu brouillards adieu Bonjour moutons d’écume
Allons nous remembrer les bonheurs que nous eûmes

Lorsque d’où nous venons nous lisions Stevenson
Mais j’entends par là-bas un grand coup de klaxon


Qu’avez-vous donc ministre à pâlir de la sorte
Le diable s’en est venu
Posséder Janet la torte
Je tremble car le cornu
Est là qui gratte à la porte
Il fait mouvoir son corps cependant qu’elle est morte

Amateurs de L’île au trésor
Il est temps de monter à bord

Nous te recruterons ânesse bénévole
Pour nous accompagner en terre cévenole

Adieu les ponts-levis adieu les arcs-boutants
On est conscient de l’importance
De se maintenir bien portant

Quand le ferry-boat en partance
À travers la mer pour la France
Referme enfin sa porte ouverte à deux battants.

.

20 novembre 2008

Obama et le Congrès de Reims

(à Melchior)

Pendant ce temps qu’aux champs les poules
Vont picorer en conversant
Et que les pigeons pigeonnants
Roucoulent

L’âne métis qui paît en la contrée où coule
Le Mississipi dit aussi Meshacébé
Est vainqueur et voyez l’éléphant tituber

Sera-ce à Reims la même chose
Verrons-nous refleurir la rose

Hélas où le congrès déroule
Sa litanie d’intervenants
L’on voit la bouse d’éléphant
S'épandre encore en grosses boules
Et le coeur de Melchior se fend.
.

19 novembre 2008

François Caradec (1924-2008)

François Caradec est décédé le 13 novembre.
.
Spécialiste d'Alphonse Allais, Régent du Collège de Pataphysique et membre éminent (mais ils le sont tous) de l'OULIPO, il était aussi l'auteur de Le Pétomane au Moulin-Rouge.
.
J'avais cité, le 2 septembre, sa "Poésie dans le métro".

02 novembre 2008

Travail sur soi.

Belle chenille
Qui rampez sur ce bois
Vous serez gentille
De respecter la nature et ses lois

La chrysalide
Sous son cocon soyeux
Disparaît languide
Et se rêve en papillon merveilleux

Lépidoptère
Vous l’insecte accompli
Voici le mystère
Bientôt la fin ça ne fait pas un pli.

.

26 octobre 2008

Temps de saison.

Le soir vient de plus en plus tôt
Quand on est rendu fin octo-
Bre,

Le poète au portemanteau
Va décrocher son paletot
Bre !

Lors alléché par le vin chaud
Il a du mal à rester so-
Bre.

24 octobre 2008

Tragi-comédie dans l'onde amère.

(scène de la vie animale)

Les sardines
Vont par banc
Gare à la sardine un jour mise au ban

Quand le requin voit le banc de sardines
Il radine
Se pourléchant les babines
- Chic on dîne

Après son repas il s’en va content
Repu comme un président
Mâchonnant son cure-dents
Frottant son bedon sous sa gabardine

La sardine
Mise au ban
Hors du banc
S’en va saine et sauve en se félicitant

Nous la retrouvons bientôt sirotant
Cette gredine
En guise de remontant
Son content
De grenadine.

23 octobre 2008

Melchior a mal aux dents

(scènes de la vie animale)

Kiss kiss kiss
Dit le dis-
Cordianis-
Te dissident
Par les sourcils froncés de la déesse Eris
J’ai dé-
Cidé-
Ment mal aux dents
Il faut aller chez le dentis-
Te et patienter en attendant.

.

15 octobre 2008

Infortune comtale.

Notre comtesse n’est plus là
Croyez-vous chauffeur Anatole

Monsieur le comte a l’air bien las
Dans le château chacun s’affole

Elle a quitté leur lit lon la
Et veut choisir qui la cajole

Elle a laissé son chocolat
Et suivi l’autre en sa bagnole

Honni soit-il l’indigne rat
Que le diable le patafiole

Par dieu je jure qu’il paiera
D’avoir pris ma jolie comtesse

Par mes aïeux sur le mur là
Je l’expédierai ad patresse

Dût être longue pour cela
La pénitence après confesse

Allons chauffeur prenez vitesse
Récompense à qui trouvera

La fugueuse et le vil verrat
Quand je les tiens gare à leurs fesses

Il faut rouler à fond la caisse
Mettre les gaz et cetera

Sur la route on hésitera
Les amants sont loin L’on cafouille

Ils n’ont pas laissé de bafouille
Pour dire où l’amour mènera

Avant de partir en vadrouille
La comtesse et son scélérat

Alors l’on s’en retournera
Au château penaud et bredouille

Le soir le comte pleurera
Près de son fossé aux grenouilles

Et puis il se consolera
En mangeant tout seul de l’ andouille.

05 octobre 2008

L’hommage des héritiers.

(à Pépé)

Des gémissements sourds passent par les boyaux
Notre oncle est très malade et repose en sa couche
La plainte du mourant ne sort pas par la bouche
Sur la table de nuit gît un plat de fayots



Le chien pète à la mort et l’enfant au maillot
Pète aussi Héritiers la chose encor nous touche
Et voici Pétula notre Sainte -Nitouche
Ouvrant des robinets de l’air dans les tuyaux


Le grand froid de la mort convulse le malade
Qui par le trou culier rend son dernier soupir
D’odoriférants pets d’éléphants en balade



Font rouler leurs tambours quand bloquant sa respir-
Ation chacun se lâche aussi la pétarade
Incommode la chatte et la fait déguerpir.


.

28 septembre 2008

Palimpseste (III): motus

(sonnet octos.)
… vivent toujours cachées, sous les autres légendes du palimpseste.

Baudelaire
Visions d’Oxford


Après huit cents ans l’on s’avise
Qu’un texte en-dessous est resté
Sans doute il présente intérêt
Il faut à la fin qu’on le lise

Avec la précaution requise
Car il est rempli de secrets
Importants pour l’humanité
Approchez que je vous les dise

- Ô vous poétard de mes fesses
Retournez vite à vos paresses
Ou nous vous mettrons dans les fers

Il n’est pas dit que l’on vous laisse
Ici dévoiler dans vos vers
Aucun secret de l’univers.

.

27 septembre 2008

Palimpseste (II): cor

( Sonnet, décas.)

Le palimpseste de la mémoire est indestructible.
Baudelaire
Visions d’Oxford

Au sein du couvent un moine a besoin
Au bout de trois cents et quelques années
De se procurer une peau tannée
Il prend le vélin qu’il trouve en un coin

Pour y retranscrire en prenant grand soin
Un salmigondis de billevesées
Sans vergogne écrit sur la peau grattée
Galimatias bête à manger du foin

Fille du seigneur savante et bossue
Vient contempler le prétendu trésor
Hausse son épaule et s’en va déçue

Et puis nous allons célébrer encor
À passer le temps chacun s’évertue
Cinq cents Saint Hubert en sonnant du cor.

.

26 septembre 2008

Palimpseste (I): peaux

(7/10)

Mon cerveau est un palimpseste et le vôtre aussi, lecteur.

Baudelaire
Visions d’Oxford


La bergère ses moutons
Avec des ciseaux le tondeur les tond

Et quand l’heure en est venue
Avec son couteau le boucher les tue

Oui les bêtes des troupeaux
Un valet s’en vient confisquer leurs peaux

Le manant qui les prépare
Les livre au marchand qui les accapare

Et puis séchage et tanin
Au bout d’un moment c’est du parchemin

Les peaux vont au monastère
Et pourront servir à travaux austères

S’avançant à pas menus
Vient depuis l’Afrique un vieillard chenu

Des secrets d’ancienne Egypte
Avant de trouver sa tombe en la crypte

Il décharge son esprit
Peinant et tremblant sur un manuscrit

Laissé sur une étagère
Plus de trois cents ans si je n’exagère.

.

22 septembre 2008

La leçon de piano de Griffollette


à la demande de nombreux admirateurs, une photo de Griffollette, chatte mélomane et même un peu musicienne.

18 septembre 2008

Garde rapprochée

Un sapajou chevauche un bœuf revêche et chauve
Un chat-huant va lâcher l’échine du chameau
Non il s’agrippe encore hésite entre deux maux
Le ruminant blatère et le chat-huant se sauve

La folle du logis dont les bajoues sont mauves
D’avoir trop bu d’alcools avec un chalumeau
Craint des paparazzi l’abondance de mots
Malvenus et pervers sur ses secrets d’alcôve

Il faut lui procurer comme gardes du corps
Des animaux pour qui y a pas pitié qui tienne
Des chacals malveillants une harde de hyènes

Des taureaux furieux des putois sentant fort
Hélas c’est la rançon d’un défaut dans l’hygiène
Des serpents venimeux et des alligators.


.

16 septembre 2008

A la cour impériale.

Que l’on serve ses croquettes
Au minet
Raffiné
Avec un bol d’eau clairette

Écoutons la symphonie
Et au trot
Maestro
Faites sonner l’harmonie

Et les conseillers auliques
Font la cour
(Sont là pour)
À l’animal domestique

On sent comme un agréable
Courant d’air
Le concert
N’en sera que plus aimable

Aux pieds de l’impératrice
C’est le vent
Fort souvent
Qui fait vibrer les vibrisses.

.

11 septembre 2008

Monoclard pétomane

Mon oncle était atteint
De mononucléose
Et monocle portait
Avec ostentation

Il se levait matin
Et jetait sur les choses
L’Œil du sage tenté
Qui fuit la tentation

Quand mon oncle pétait
En mangeant sa pétoncle
Ou sa part de tarte tatin

En chœur on lui disait
Faut pas péter mon oncle
Ou alors Bis ! terme latin

Et lui sur ses doigts comptant
Mieux qu’oncques ne fit serpent
Et pas très souvent se
Trompant
Vous le devinez je pense

Disait mieux vaut être un abruti
Porté sur la flatulence
Nul ne pourra c’est pas votre avis ?
Me taxer d’incompétence.



.

05 septembre 2008

Le hêtre et le lavoir

Près du lavoir municipal
Où vont laver les lavandières
On a vu Lecter (Hannibal)
S’abîmer dans une prière

Lasses de manier le battoir
Plus tard en étendant le linge
Les lavandières l’ont cru voir
S’éclipser malin comme un singe

Un corps est la proie des corbeaux
Sous le hêtre creux près l’église
Le corps d’un jouvenceau fort beau
Coeur arraché sous la chemise.

.

02 septembre 2008

Coup de patte griffue

(aux sniffeurs de sauge)

Lorsque j’entends le mot culture
Je me saisis à ma ceinture
De mes pistolets à peinture

Et je projette sur le mur
Sans plus attendre le futur
Avec vigueur et d’un bras sûr

En respectant la courbe en cloche(*)
Un inénarrable arc-en-ciel
Ne croyez pas que c’est fastoche
Au jugé sans didacticiel

Le diable en fait une colique
Le diable en est fort mécontent
J’ai recouvert la diabolique
Silhouette qui a fait son temps

Le résultat est magnifique
Certains diront que c’est tout miel
Que c’est chef-d’œuvre d’art graphique
Et d’autres cracheront leur fiel

Vous pensez bien je n’en ai cure
Mais les blogueurs caractériels
Seront privés de confitures
Par décret griffolletstériel.



(*) Je sais, Tirui va chipoter, un véritable arc-en-ciel ne décrit pas une courbe de Gauss. Mais la rime a ses raisons.

.

Encore une citation.

Je ne résiste pas à l’envie de citer ce poème malicieux de François Caradec, tiré de « L’année poétique 2008 », chez Seghers:


POÉSIE DANS LE MÉTRO

Le poète m’a dit: On n’en fait jamais trop
mes vers sont placardés sur le quai du métro.

Je lui ai répondu: Naïf de mirliton
ces vers harmonieux croyez-vous les lit-on ?

À quoi bon s’échiner sur quelques bouts rimés
ne forcez pas votre nature
Le train ne peut partir que les portes fermées
ne gênez pas leur fermeture.

.

23 août 2008

Les rêves du chat virtuel

Entrée en matière
Savoir la manière
D’accommoder les sonnets
D’apprêter les sansonnets

Attraper les alouettes
Taquiner la muse et la Minouchette(*)
Avoir du talent
Se procurer des ortolans
Exaspérer le bon Melchior(**)
Et que sais-je encor

Se faire enfin livrer du pâté de mésanges
Et trouver le moyen de publier mes vers
Ô Moukmouk(***) tu seras un ange
Si tu t’abstiens de me regarder de travers.


* chatte d’une blogueuse qui nous sont chères
(vive la grammaire)
** blogueur
Ronchon
Ou blagueur
C’est selon

*** blogueur qui aime à faire les yeux gros
À quiconque veut manger les oiseaux

.

20 août 2008

Croquemitaine radouci

Un marinier du genre pas marrant
Mari brutal et père
Sévère
On voit cela peu souvent mais
On ne peut pas dire jamais
Inspirait à sa maisonnée
Une frayeur irraisonnée


Il tyrannisait ses enfants
Et sa femme et ses vieux parents
Même le chien dans sa niche
Installée sur la péniche
Aussi le chat bref tout un
Chacun


A la fin lasse des querelles
La famille se fit rebelle
Et pour le mettre à la raison
Ligota comme saucisson
Le capitaine
Croquemitaine

Pour lui administrer leçon
L’on alla quérir un vicaire
Qui le chapitra de telle façon
Qu’il en eut crise d’urticaire

Il est plus calme depuis lors
Et ne prend plus aux dents le mors
Il mène à bord
Existence recluse
Ne se manifestant qu’aux abords
Des écluses

Et l’ancien tyran do-
Mestique
S’applique à chasser les moustiques
En surveillant le tirant d’eau.


.

18 août 2008

Citation, en hommage à Mahmoud Darwich.

Lu dans Media part (présentation d’Edwy Plenel, Poème de Mahmoud Darwich, traduction de Elias Sanbar, Actes Sud éd.

« Décédé samedi 9 août aux Etats-Unis, le Palestinien Mahmoud Darwich devrait être inhumé mercredi 13 août à Ramallah, en Cisjordanie. En hommage à ce poète universel, symbole d'un monde arabe ouvert aux autres et au monde, bien loin de certains préjugés occidentaux, Mediapart publie cinq de ses poèmes, tous inédits en français. Nous devons cette exclusivité à Elias Sanbar, son traducteur de toujours, et aux éditions Actes Sud où ces poèmes seront publiés dans un prochain recueil. »
(……)

Ici le cinquième de ces poèmes.

« Deux étrangers

Il regarde le firmament
et voit une étoile
qui le regarde!

Il regarde la vallée
et voit sa tombe
qui le regarde!

Il regarde une femme
qui le tourmente et l'attire,
mais elle ne le regarde pas!

Il se regarde dans le miroir
et voit un étranger, comme lui,
qui le regarde!

© Actes Sud, traduit par Elias Sanbar.  »

09 août 2008

Bonne pâte et fine mouche

L’asticot de son tunnel
Aperçoit au fond le ciel

Et dedans la lune rousse
Alors vite il se trémousse

Rampe pour sortir du nid
Un très long macaroni

Avec beaucoup d’énergie
Quand il est à la sortie

En mouche il se voit changé
Chic on ne m’a pas mangé

Cuit dit-il dans l’eau bouillante
Ma fortune est excellente

La mouche essuie son museau
Son abdomen en fuseau

Et toute à son bonheur d’être
Prend son vol par la fenêtre.

.

06 août 2008

Dispersion

Rêvé la mer était bien froide
Et tous nos vêtements mouillés
Avons-nous assez farfouillé
Dans le dénigrement des rois de

La mine et du rail l’aube est roide
Où sont dis-moi les œufs brouillés
Q’Alphonse Allais a bidouillés
Dans Le parapluie de l’escouade

Et maintenant je vous assure
Il faut sortir de ce chou-là
Vous n’aurez point de chocolat

Que du pain sec sans confiture
Égayez-vous dans la nature
Partez par-ci partez par-là.

.

04 août 2008

Au Cotentin l'été

(sonnet paresseux)

Une jument percheronne
Prend les bains à Carteret
Sur le seuil du cabaret
Humant l’air un chat ronronne


Le temps est compté baronne
L'âne tond son pré carré
Il court il court le furet(*)
Le furet des bois luronnes

Vient s’asseoir un chemineau
Fatigué de son errance
Et pour pouvoir en cadence

C’est du moins ce qu’il avance
Muscler ses abdominaux
Il s’adonne aux dominos.


(*) vieille chanson

.

29 juillet 2008

Veine sombre

Le sang qu’un chat lape
Lentement s’échappe
D’un poignet tranché
Avec un fer ébréché

Dans sa cage sous cape
Un canari caché
Songe aux douceurs de l’existence
Pour vivre heureux vivons perché

Le chat va museau léché
Promener sa nonchalance
Au cœur de l’horloge un soleil balance
Il ne cesse de se pencher
D’un côté de l’autre en cadence

Seigneur ne soyez pas fâché
Si la pauvre âme a trébuché
Au terminus de son errance

Mettons un disque en pénitence
Faisons place à Sydney Bechet

La Foi la Charité ainsi que l’Espérance
Sont théologales vertus

Les souris entrent dans la danse
Entourloupe et turlututu
Alléluia et loup y es-tu

Tu n’as pas eu le temps je pense
D’attraper ta correspondance

Et maintenant c’est le silence
Même Sidney Bechet s’est tu.


.

19 juillet 2008

Pains perdus

(petit poème politique vite fait, pour m’attirer les bonnes grâces du souverain)

Le Sarkozy démine
Nous dit-on le terrain
Pour s’en aller en Chine
Cet été plus serein

Ah grignoter les petits
Gâteaux de tatie Dati

Le vaillant premier ministre
Fait une tronche sinistre
On sait qu’il a mal au dos
Qu’il souffre de tous les os

Ah grignoter les petits
Gâteaux de tatie Dati

C’est le moment d’appeler
L’assistance à distance
Pour qu’on me serve du lait
Un peu suffira je pense

Ah grignoter les petits
Gâteaux de tatie Dati

Dis mon brave Nicolas
Dis mon grand ne crains-tu pas
Qu’avant même l’échéance
Le peuple manant de France
Soit possédé du désir
De se désensarkozyr

Ah grignoter les petits
Gâteaux de tatie Dati

Sarkozy ô
Grand homme
Haut comme au
Moins trois pommes

Ah grignoter les petits
Gâteaux de tatie Dati


Petit par la toise
Et grand par le bagoût
L’on viendrait bien chez toi se
Faire servir du ragoût.

Petit message personnel à CB
Madame la Présidente et Chère Consoeur
Une dernière fois je sollicite petite pension et coup de piston pour être élu à l’Académie. A défaut, je passerai dans l’opposition. (Signé) Griffollet, chat de lettres et courtisan.

.

27 juin 2008

Euro de foot 2008

(vers de circonstance et de mirliton)

Turquie ?
Allemagne !
Russie ?
Espagne !
Dieux du ballon
Rond l’on
Vous en prie,
Que les meilleurs gagnent.



.

25 juin 2008

Météo changeante

Le soleil se prend dans la nasse
Des strato-cumulus et cumulo-nimbus
Tous imbus
De leur masse
Qui menace
Le beau temps

Voilà que les oiseaux se taisent
Et l’averse à l’instant s’étant
Dans le silence persistant
Abattue sur le récitant
Et l’assistance tout autant
Les gens ne sont pas à leur aise

Et tout le jour il a plu
Il plut aux cieux de laisser pleuvoir
Et dru ma pauvre dame dru
Oui dru comme vous pouvez voir
Il plut du matin jusqu’au soir
De quoi remplir les abreuvoirs
Faire déborder les citernes
C’est là chose curieuse à voir
A la fin de ce jour si terne

Ah l’arc-en-ciel qui se fait élégant
Ah le salon de jardin qu’on essuie
Ah le coup de torchon dessus le toboggan
Ah le soleil après la pluie

Ah les escargots partis pour
Se promener aux alentours
Et les nuages sans tambour
Ni trompette
Ont pris la poudre d’escampette.


.

22 juin 2008

Piano mécanique

Vont-ils s’arranger mes vers
Juxtaposer leurs images
En alignement bien sage
Pour calmer l’âme à l’envers

Le printemps après l’hiver
Un pullover paysage
Un regard de chat sauvage
Un vélo noir des yeux verts

Aux abords de la venelle
Du piano la manivelle
Tourne et retourne un refrain

L’âne gris ronge son frein
En ralentissant la belle
Lui caresse le chanfrein.


.

14 juin 2008

Repas froid

(9 pieds, césure flottante)

Au bord du cours d’eau je suis assis
Parfois je m’impatiente et me lasse
J’attends voir passer mes ennemis

Qu’il faut donc de temps pour qu’ils trépassent

Au bout de sa ligne auprès d’ici
Un pêcheur soulève une godasse
Il prend dégoûté sa calebasse

S’offre une gorgée de blanc-cassis

Une artiste a laissé son croquis
C’est pour farfouiller dans sa besace
Elle en extirpe un sandwich exquis

Il n’en restera bientôt plus trace

Les deux qui vont là sont fort épris
Dans le soleil les oiseaux jacassent
Puis l’orage vient tous aux abris

Au moulin les amoureux s’enlacent

Voit-on pas les escargots sortis
Au-devant de l’arc-en-ciel partis
Faire un petit tour et les limaces

Oublions tous ce qui nous tracasse

Des gens aux pantalons rétrécis
Jettent aux canards du pain rassis
Pour l’attraper ils se décarcassent

Dieu que ces animaux sont voraces

C’est un peu plus loin qu’un malappris
D’un sac de déchets se débarrasse
Dans les tourbillons que les soucis

Emportés par le courant s’effacent.



.

04 juin 2008

Bonnes excuses

Au sol les fourmis sont en quête d’un radeau
L’escargot pour ronger carotte
Est obligé de chausser botte (*)
Il a plu trop longtemps la terre est gorgée d’eau

C’est pourquoi nous nous abstiendrons
D’arroser nos rhododendrons

Sévit la sécheresse et cuit la canicule
Il faut réserver l’eau ne pas en abuser
Au contraire il convient de l’ économiser
Et de ne la diffuser
Qu’en mesures minuscules

C’est pourquoi nous nous abstiendrons
D’arroser nos rhododendrons

Et nous resterons là assis sur une chaise
À contempler notre jardin tout à notre aise
Ou bien demeurerons ici dans un fauteuil
À surveiller notre jardin du coin de l’œil

Nous pourrons mieux ainsi voir s’il s’échappe
Ou si les rigueurs du temps le rattrapent


C’est pourquoi nous nous abstiendrons
D’arroser nos rhododendrons.

* au singulier
Ben oui, le gastéropode n’a qu’un pied, contrairement à la plupart des vers.


.

29 mai 2008

Cérémonial du soir (IV)

Un cygne auprès de la barrière
Avec piété dit sa prière
Du soir et
S’agenouille
En se relevant il fait ouille
Car son genou est
Quelque peu rouillé

L’âne a mis son bonnet de nuit
Bien disposé sur ses oreilles
Si son corps déjà s’ensommeille
Son âme est avec la lune qui luit

Sans le clair de lune il serait bien ennuyé
Lors on ne distinguerait pas dans les ténèbres
Son beau pyjama rayé
Cadeau de ses cousins zèbres

Le marchand de sable est passé
Il n’avait pas l’air trop stressé
Il n’y a que
Chez les insomniaques
Qu’il est pressé
Ou tracassé

Et maintenant tout dort le sommeil les rassemble
Ai-je rien oublié ah si fait il me semble
Nous omîmes le chat qu’on ne voit nulle part

Le matou rentrera tard
Car il est un peu fêtard.



.

28 mai 2008

Cérémonial du soir (III)

Les chevaux retranchés dedans leur écurie
Vont prendre le temps de s’asseoir
Pour potasser les cours du soir
De l’Université Pierre-et-Marie-Curie

Une génisse en le simple appareil (merci à Jean Racine)
D’une beauté disposée au sommeil
De son seul Chanel Cinq vêtue (merci à Marylin Monroë)
Comprenez qu’elle est toute nue
A pris le temps d’arranger son réveil
Pour précéder demain le coq et le soleil

Les fiers lapins de manière intensive
Brossent leurs incisives
Et même les dents du fond
Puis se font
Avant de dormir les caresses
Propres à propager l’espèce

Les jeunes dindons dont
Les caroncules gonflent
Ronflent
En tirant sur eux leurs édredons

En rêve un cabri cabriole
Demain chouette c’est mercredi
Le mercredi pardi y a pas école
Il pourra s’occuper de diverses bricoles
Heureux cabri

(à suivre)

.

27 mai 2008

Cérémonial du soir (II)

Dans leur bauge les cochons
Font combat de polochons
Puis ils décrètent la trêve
Ferment l’œil et font des rêves

Les canards croupion au sec
Et le bec
Mis sous l’aile
Ont entrepris pour finir
De dormir
Avec zèle

Tranquille une vache
Boit sa tisane de bourrache

Le père jars se poste auprès de ses oisons
Et comme tous les soirs leur raconte une histoire
C’est ça jasons c’est ça jasons jasons jasons
Endormir les enfants reste la mer à boire

Les moutons dans leur enclos
En attente de la tonte
De ne pas dormir ont honte
Le chien pattes sous menton
Rêve d’os
Et nos moutons
Mutuellement se comptent

(à suivre)

26 mai 2008

Cérémonial du soir (I)

C’est l’heure où le soleil se couche
Le jour s’en va ô gué ô gué
Les animaux sont fatigués
Les papillons de nuit vont succéder aux mouches

Tôt les poulets se sont frayé
Un chemin vers le poulailler

Pour lors le bouc a pris sa douche
Peigné sa barbiche avec soin
Puis s’est allongé dans le foin
Non sans avoir d’abord disposé ses babouches
Et bientôt sur sa couche
L’on peut voir son torse qui
Monte et descend sur un rythme farouche
Sous les portraits de Lénine et Trotsky

Fleuron de la gent porcine
Le verrat pour s’endormir
N’en finit pas de polir
Ses séduisantes canines

Le paon chante une berceuse
A ses chers petits dans leur berceau
On croit ouïr une perceuse
Enfin ça c’est mon avis perso

(à suivre)

26 avril 2008

Élégie gourmande.

Oui la soupe à l’oignon se prépare
En pleurant
Quand le moment vient que les amants
Se séparent

Il faut la laisser cuire en rêvant
Ô savants
Que vos travaux un peu trop souvent
Accaparent

Un chat tigré dort sur le divan
En rêvant
À quelque hypothétique bagarre

Laissez-le rêver en paix bon sang
Il pourrait vous sauter dessus sans
Crier gare.

(Sur ce, les gens, je m'absente pour un mois; joyeux printemps !)
.

20 avril 2008

Les allers retours de Jean.

C’est Jean brave apprenti boucher
Qui vient livrer du steack haché

Sur son vétété rose il roule
Casque au guidon bien accroché
Comme une moule
À son rocher

Mais regrettable
Erreur
Épouvantable
Horreur

Le hasard fait souvent des siennes
Jean se trompe de personne et
Surtout d’adresse et vient sonner
Chez des lesbiennes
Végétariennes

Excusez-moi je savais pas
Il revient alors sur ses pas
Du côté de la boucherie
Où l’attend sa petite amie

Du moins croit-il elle est pas là
Jean s’en retourne très pâle à
Cheval sur son vétété rose
Vers chez ses vieux d’humeur morose

En route son portable sonne
Et c’est son patron en personne
Il est au fond
Très débonnaire
Mais prend son ton
Autoritaire

Il faut livrer un pot-au-feu
Jean revient en catastrophe euh
Je ne sais plus ce qui se passe
Il s’arrête dans une impasse

Ah oui Jean se retrouve nu
Dans les bras de Vénézueliennes
Qui sont en même temps le fait est bien connu
D’adorables bolivariennes
Aux dires du garçon boucher
Elles sont douces au toucher

Ravi de montrer que la chair est tendre
Jean le garçon boucher n’a rien
Perdu pour attendre
Et tout est bien qui finit bien

Qu’est-il advenu du vétété rose
Vous demandez-vous pour l’heure il repose
Devant le logis d’un ninipotchien(*)
Entre un bac de fleurs et la niche au chien.

(*) partisan de Ninipotch (d’après Georges Perec; au fait on peut se demander si le vétété au fond de la cour n’a pas un guidon chromé)

13 avril 2008

Défense de la vache.

(sonnet bucolique)

L’ animal fait de son meuh
En peuplant le pâturage
Y rumine avec courage
Esprit de suite et sérieux

Je vous regarde en les yeux
Peut-on refuser fourrage
À la perle d’élevage
Qui fournit son lait crémeux

Pour toi reine de l’ étable
Je laisserai mes travaux
Et j’irai par monts par vaux

Chanter ton inimitable
Lait pour sustenter les veaux
Que nous prisons sur nos tables.


.

12 avril 2008

En hommage...

En hommage à Laflote, qui vient de nous brancher sur la mire de la RTF une fois encore (ce n'est pas pour rien qu'elle figure au blogroll de Bellzouzou sous la mention "fluctuat nec mergitur") je republie un poème de feue ma bonne tante Aglaé:

"30 octobre 2006
Petit hymne pour Laflote, à l'occasion de son lointain trépas.

Quand Laflote a mouru
D'un mal irrémédiable
Quand Laflote a mouru
L'enfer n'en a pas voulu

J'ai assez dz soucis
Dit Satan à ses diables
J'ai assez de soucis
Non je n'en veux pas ici

Idem au purgatoir
Le malaise est palpable
Idem au purgatoir
Refusée bon sang d'bonsoir

Alors elle a fini
Aussi finit ma fable
Alors elle a fini
Bien tranquille au paradis

A perpète entendra
La harpe délectable
A perpète entendra
Allongée entre ses draps."

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09 avril 2008

Un peu d’histoire véridique.

(dédié à Tirui et à ses lecteurs)

Il est avéré qu’à la bataille d’Hastings (1066, tout ça ne nous rajeunit pas) l’un des vassaux du Conquérant, Yvan, seigneur de Titehou-la-Forest, se sentant foiblir (il avoit fort souffert du mal de mer), mit un genou à terre pour prier:
« Ô notre bon Sainct Zercass
Ami de Sainct Boniface
Protège les Bajocasses(*)
Que les ennemys tracassent. »
Puis, s’étant relevé tout requinquoyé, et remis en selle, il se lança à l’assaut, brandissant son écu marqué d’un léopard roux perché sur branche, et lançant son invocation terrificque:
« Sacer passoussa Zercass ! »
Et contribua grandement à gagner la bataille, dont fust récompensé par le Duc, nouveau Roy, nostre Sire, à titre posthume hélas, d‘un tonneau de croquettes, pris sur l’ennemi, pour son chat resté en Normandie
Une vignette est consacrée à ce haut fait dans la Tapisserie de la Reine Mathilde.
(*) Bajocasses: habitants de Bayeux (et environs)


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07 avril 2008

Ramper et mordre.

Le chef des vipères
Fait le coup de poing
En se dandinant sur ses pattes de derrière
Après la bataille une main à sa visière
Il donne un salut à ses blessés mal en point

Après quoi il prend son repos de guerrier las
Abandonnant la glace abricot et chocolat
Qu’il a quelque temps entre ses doigts retenue
De toutes façons elle est maintenant fondue
Et sans y mettre de douceur
Infuse son venin masseur
Hop à la première venue

A la fin à la guerre il lui faut repartir
En prenant à deux mains son insigne courage
C’est un dur métier celui de vipère en chef
Et quand foyalé bon foyalé enfin bref
Pour compenser il a la gloire en héritage
Sans jamais de sa majesté se départir.

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14 mars 2008

Chanson de Noël (avec effet retard).

("Noël au balcon, Pâques aux tisons")

Les lapins mangeurs de carottes
Font souvent le long des chemins
De charmantes petites crottes
Qu’on nomme avec raison des crottes de lapin

D’ici jusqu’à Vauvert cela fait une trotte
Il faut vous munir de poudre à perlimpimpin
On est triste à manger son pain dur sans compote

Et presque autant avec la compote sans pain
Ce n’est pas bon pour les quenottes

Un angelot passant véloce chérubin
De son flûtiau tire des notes

L’enfant aime à tenir sa mère par la main
Et la mère en retour la tient par la menotte

Le soir vient l’on se bise et se dit à demain
Puis le père Noël jusqu’au pied du sapin
En traînant une jambe entraîne aussi sa hotte .


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11 mars 2008

Des goûts et des couleurs en politique.

(à Swâmi)

Mais le jaune jonquille est plus gai »
Stendhal, Lucien Leuwen)


A propos de la couleur jaune
Je dis au blogueur influent
Qui campe auprès du confluent
Que fait la Saône
Avec le Rhône

Les juges s’avançaient têtus
Dans leurs seyantes robes noires
Lors des autodafés de sinistre mémoire
Les cardinaux et les bourreaux vois-tu
Qui suivaient
Paradaient
Tout de rouge habillés

Et ceux-là qu’on allait griller
Les fous les juifs les hérétiques
Avançaient le chef bas de jaune revêtus
Emportés tout crus vers le barbecue mystique

Quant à Melchior
Prisant peu l’or
Le jaune pur ne lui va guère
Ça lui donne un air trop sévère

Son jaune à lui tire un peu vers le vert
Sur la nuance encor les paris sont ouverts
Il faudra bien à la fin qu’on le voie
Shadock jaune non pas mais Shadock caca d’oie.


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07 mars 2008

Un rêve.

Et lorsque l’âme de Narcisse
Aura quitté son joli corps

Elle viendra le voir encor
Et sa mandibule où se glissent

Des asticots sans son accord
Qui s’en repaîtront quel délice

Comme si c’était pain d’épice
N’entendez-vous sonner du cor

On devine dans le décor
Un avion avec son hélice

Qui largue la parachutisse
Elle atterrit en temps record

Pour la bien voir mon œil se plisse
Sa tresse sur son cou n’est qu’or.

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23 février 2008

Nourriture saine.

(à Laflote)

Pour bien nourrir ses neurones
Il faut manger du poisson
C’est pour me donner raison
Que les océans poissonnent.

Si de plus tu l’assaisonnes
Au vinaigre à l’estragon
Tu le trouveras fort bon
Ça n’étonnera personne

Mais même pris sur le pouce
Il faut finir le repas
Alors tu l’achèveras

Avec la saveur bien douce
De deux ramequins de mousse
Caramel et chocolat.

14 février 2008

Cela fait...

Cela fait juste un an qu'Aglaé trépassa,
Laissant à son neveu ce bout de blogosphère.
A ton avis, passant, Griffollet sut-il faire
Ce qu'il faut, depuis le temps qu'il la remplace ? Ah...

05 février 2008

Chanson bas-normande (III)

J’entends d’ici c’est se moquer
Griff tu veux nous en faire accroire
Il faudrait être un peu toqué
Pour croire un mot de tes histoires

Je vous réponds OK OK
Rectificatif est de mise
Belle sert aussi du tokai
Qu’elle conserve en sa remise

N’empêche que rue Bicoquet
Le syndicat d’initiative
Fait visiter leur bicoque et
Rend le quartier d’humeur festive

N’empêche que rue Bicoquet
Où les greffiers ont leurs gouttières
L’on s’en vient voir leur bicoque et
La voisine Anne est pas peu fière.

FIN


Je dois m’interrompre quelques jours; à bientôt, si le gastéropode chaleureux qu'adorait ma tante Aglaé le veut.

04 février 2008

Chanson bas-normande (II)

Vivait aussi rue Bicoquet
Anne leur voisine charmante
Tous trois s’adonnaient au croquet
Parfois jusqu’à la nuit tombante

Louis est allé à Carpiquet
Prendre des cours de vol à voile
Las un malencontreux piqué
L’a propulsé vers les étoiles

La veuve habitant près du quai
Sant-Pierre y vend des parapluies
Quand il y fait par trop frisquet
Elle est au logis et s’ennuie

Après quoi Belle tient troquet
Je crois à la Maladrerie
Les Nippons veulent du saké
Elle leur sert de l’eau de vie

(à suivre)

03 février 2008

Chanson bas-normande (I)

Belle habitait rue Bicoquet
La chose en soi paraît cocasse
Elle était d’un fort beau caquet
Et d’origine bajocasse

Louis est passé rue Bicoquet
La chose en soi paraît comique
En plus il était fort coquet
Et d’habitus académique

Ils ont vécu rue Bicoquet
La chose en soi paraît banale
Ils élevaient un perroquet
D’élocution phénoménale

Lors habitant rue Bicoquet
La chose en soi paraît sensée
Il offrit un rubis coquet
À la dame de ses pensées

(à suivre)

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01 février 2008

Rage de dents

(fragment d’épopée)

Le gendarme en ses quartiers
Rit comme rit un gendarme
L’entendant ses équipiers
À leur tour riront aux larmes

Quand un gendarme rit dans la gendarmerie
Tous les gendarmes rient
Ah les joyeux lurons
À faire pour le coup péter leurs ceinturons

Mais dans leur infirmerie
Un enfermé ne rit pas
Il a laissé son repas
Ayant mal à ses caries

Boude son riz
Son céleri
Sa portion de vache qui rit
Il est abattu prend l’air triste
Il veut aller chez le dentiste

Son nom est Darme et son
Prénom Jean mais non mais non
Ce n'est pas Jean d’Ormesson

Sa douleur dans les dents lui soutire des larmes
Mot que j’ai déjà fait rimer avec gendarme
Ne pas se répéter n’est pas chose facile
Pardonnez au versificateur malhabile

Jusques en ville il est transporté juste ciel
Dans un véhicule officiel
L’administration gentille
Sait se montrer bonne fille

Elle fait cette faveur
Pour montrer qu’elle a bon coeur

L’on voit assis dans la bagnole
Deux passagers l’un qui rigole
Et l’autre à son côté grimaçant de douleur
Le gendarme qui rit et le Jean Darme en pleurs.


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31 janvier 2008

A Tirui, blogueur poitevin

(pour me faire pardonner d’avoir oublié le melon de Poitou-Charentes dans mon poème précédent)

Les baudets à l’allure délicate
Le beurre fin
Et Raf*farin
N'oublions pas surtout la Candidate
Pour rendre les éléphants fous
Les énoncés de maths en prose
Que Tirui mijote à feu doux
Il est tant de si bonnes choses
Qui nous proviennent du Poitou.


.

28 janvier 2008

Éloge politique du melon.

(pour me moquer de Melchior, qui n’a que la concurrence libre et non faussée à la bouche et fatigue tout le monde)

Vive la cucurbitacée
Concurrentielle et non faussée
Juteuse comme pas permis
Pour se régaler entre amis
Et par-dessus le marché libre
Avec des pépins et sans fibres

Melon de Carpentras
Ou bien melon d’Espagne
Faut-il vraiment qu’on se castagne
Et badaboum et patatras.

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27 janvier 2008

Conjugaison punitive.

(La Loire prend sa source au Mont Gerbier-de-Jonc,
S‘en va jusqu‘à la mer en passant sous les ponts.

Conventional Wisdom)


Quand la Seine est efficace
Très bonne élève aux progrès
Soutenus et réguliers
Et tout et tout et j’en passe

La Loire ample glandouillasse
Saute avec délectation
À pieds joints dans la bouillasse

Et reçoit en punition
Par son instit pas commode
Conjuguez tous temps tous modes

Je prends ma source au Mont
Gerbier-de-Jonc

C’est la dure loi des cancres
Il faut tacher ses doigts d’encre

Elle aura pris que vous prissiez
Nous prîmes tu prends vous prenez
Que je prisse au lit vous prendrez
Je prains si je parle du nez

Je prends tu prendras vous prenâtes
Eh non et non ah nom de nom
Ah non prenâtes n’est pas bon
Pour vous le seriner vous faut-il un mainate

Je prends ma source et descends
En passant par Orléans
Blois et Tours Saumur et Nan-
Tes jusques à l’Océan
Où souvent
Le temps
Se gâte.


.

25 janvier 2008

Question existentielle

(encore un posthume de Tante Aglaé, automne 2007)

Suis-je bien toujours moi ? Quand je m’entends miauler,
Quand je dors tout mon saoul et quand je bois mon lait,
Quand j’écris un sonnet, puis me gratte et ronronne,
Suis-je la même chatte, et quelqu’un, ou personne ?

.

11 janvier 2008

L’avènement de Phlegmon Premier

Nicolas notre Raïs
S’affligeait d’un phlegmon sis
Au plus profond repli de son auguste gorge
Et qui le faisait tant tousser
Qu’il menaçait de l’étouffer
Et puis ça fait un mal de chien alors je
Ne saurais plus longtemps dit-il le supporter

L’on dut se résoudre
À l’en opérer
Le chirurgien fort pressé
De trancher et de recoudre
Désireux de travailler plus
Pour gagner plus s’écrie Allons que je l’allège
De ses organes superflus
Son cœur et son cerveau que sais-je

Il faut l’en soulager les jeter en un sac
Anesthésiste à ta besogne
Mets lui ton masque sur la trogne
N’attendons pas les carlabruniers d’Offenbach

Sur ce qu’il en advint j’éclaire vos lanternes
Il a tout tailladé jeté rate et poumons
Intestin foie rognons
Et les morceaux mignons
On eût dit Héraklès tranchant l’Hydre de Lerne
Son zèle n’épargna que l’horrible phlegmon

C’est ce même phlegmon qui dès lors nous gouverne.




Supplique à la Princesse:

J’ai cru bien faire,
Madame,
et aller au-devant des vœux de Votre Altesse, en narrant sur le mode épique cet épisode non-petit, quoique resté longtemps secret, de la vie du Grand Prince qui nous est cher (fort cher, surtout aux petites gens) et qui fait le bonheur de la France. J’ose espérer que Votre Altesse m’en saura gré, et poussera la bienveillance jusqu’à œuvrer pour mon élection à l’Académie (ainsi que pour me faire verser une petite pension).
J’ai l’honneur d’être,
Madame,
de Votre Alteffe, le très-humble, très-obéiffant et très-fidèle ferviteur et fujet.

Griffollet, chat de lettres.

03 janvier 2008

Écologie politique

(11 pieds; 4/7)

L’écorché vif enduit de pommade épaisse
Un baladeur vissé sur ses pavillons
Reste étendu sur un lit couvert de graisse
Dans son sommeil il entend des carillons

Tard dans la nuit on couvre de bandelettes
Ses mains ses bras ses membres postérieurs
Quand on lui dit qu’on ne fait pas d’omelette
Sans casser d’œufs ses yeux sont presque rieurs

Ne pas hurler c’est son principal mérite
On le distrait avec un air de pipeau
Voyant au ciel passer un météorite
Il fait un vœu se trouver bien dans sa peau

Il ne sait plus quelles griffes de harpies
Ont arraché par lambeaux le pauvre sac
Couvrant sa chair On a fait dans la charpie
Des pansements qu’on découpe et tchac et tchac

Ni quand d’effroi devant la noirceur du monde
Son corps a dû s’entortiller sur son cœur
À son chevet près de la perf et des sondes
Soudain sa mie laisse éclater sa rancœur

Lui tout ce temps pense à la mort des abeilles
Un autre jour il vous y faudra songer
Sur la Nature il faut bien que quelqu’un veille
Ne bougez pas restez tranquille allongé

Sur un trottoir jonché de peaux de bananes
Crottes de chien tas d’immondices divers
On a trouvé une assez ample membrane
De chiroptère apprêtée sur le revers

Qu’on nous la livre et la peau de pipistrelle
Est le vélin sur lequel nous écrirons
En vers choisis cette histoire triste et belle
Bête à pleurer La liront ceux qui vivront.