Projet de crèche vivante

 

Et dans sa nudité flamboyante Lili

Primesautièrement chevauchant un grand bi

Ne peut pas plus longtemps contenir belle rose

Le désir insistant qui l'habite – ici pause –

Mais l'immobilité conduit à l'ankylose

Enfin n'y tenant plus elle empoigne la chose

Et le pendard par en-dessous pendant ce temps

Pourlèche le pourtour – vade retro Satan –

L'on se disait il fait beau voir enfin qu'elle ose

Le tenir fermement tel un manche à balai

Pour galoper vers sa pleine métamorphose

Lui sans désemparer goûte le miel salé

Ah que tu sais chanter ces choses griffe au lait

Il te faut dévoiler ce tableau sans délai

Pour créer dans nos coeurs et nos corps et nos âmes

Les petits mouvements qui font que l'on se pâme.

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Toutou pisse dru

 

Chantez-lui la chanson de la mère boiteuse

Mille fois mille fois

C'est dit notre chanson c'est mille fois par mois

De son petit chien chien cette vieille est gâteuse

Mon petit chien sauf vot'respect

Ne cesse d'émettre des pets

Nous allons consulter notre vétérinaire

Lève bien haut la patte Azor mon petit chien

Et salue monsieur le vicaire

Ah non pas celle-là misère

Je suis confuse Azor quel émoi est le mien.

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Exercice d'élocution

 

Quand le ventripotent baryton vous embrasse

Ô vous la mezzo soprano

Un malheureux boa constrictor s'embarrasse

En numérotant ses anneaux

Un lancinant souci le harcèle et tracasse

Ce pourquoi il se prend les pieds dans le tapis

À la vérité ça passe ou ça casse

Rare est le bien fréquent le pis

C'est qu'au pied du piano le mot imprononçable

On ne le peut pas nier car cela n'est pas niable

Dénichez là derrière un panneau du piano

Là où l'on l'a caché chiche un improbable panier

Rempli de petits chats qu'il vous faudra accompagner

Ce n'est pas niable et donc vous ne le pouvez pas nier

Pour tenir compagnie à des épagneuls bien peignés

Dont la placidité demeurera inaltérable

Oncques en rogne ni grogne ni hargne ni gnangnan

Adieu nous nous retrouverons au Cloître Saint-Aignan.

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Lézard d'Eros, dévergondage

 

Les lézards sacrés libertins perfides

Savaient où porter leurs langues bifides

Pour faire advenir les petits bâtons

Rigides

Sachons comme eux ajuster nos tâtons

Lucides

Juste à l'endroit qui convient

Quand le désir nous en vient

Dieu fit entrer un pédéraste

Lautréamont l'écrivit

À ce jour lui seul le vit

Cette révélation dévaste

Désole et consterne la caste

De nos théologiens coincés

Pour quelle raison le sujet est vaste

Les voilà fort embarrassés

Qu'en dites-vous ô Théophraste

Mais celui-ci n'en a visiblement

Cure occupé d'Eraste* son amant

Qui n'en peut plus et s'émerveille

Quand ils se font des enfants par l'oreille**

Aidés de leur lézard sacré

On me l'a dit à la récré.

• merci à messieurs Boris Vian* et Molière**

  
  

Après-midi studieux

(césure 5/7)

Nous réviserons notre cours de science éco

Dans un grand effort de destruction créatrice

Dante Alighieri et sa nana Béatrice

Auront préparé une tarte aux abricots

Dis-moi qu'elle est bonne et je te donne un bécot

Il faut se plier aux désirs de la lectrice

Dès le lendemain je demande à la factrice

Qui fait sa tournée au pas de son bourricot

D'où cela vient-il cela vient de vos hormones

Répondait Stendhal à Bathilde Chasteller

Mais n'entends-je point des violons faits à Crémone

N'est-ce pas plutôt un ramoneur qui ramone

Cela vient à point à propos de Schumpeter

Et ce n'est point là ce n'est point parole en l'air.

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Mourir et sentir

 

(césure à 5/7)

Ne pas s'accrocher       trop longtemps à sa survie

Concéder que l'âme     enfin puisse être ravie

Le dernier soupir      c'est la fin des haricots

Ne plus mettre obstacle    au festin des asticots

Cela chlingue et fouette    eh c'est pas l'air des alpages

C'est plutôt l'odeur    des égouts à tous étages

C'est l'inconvénient      ça commence à fort sentir

À nécessité      il faut savoir consentir

Le covid dix-neuf    peut nous frapper d'anosmie

Ça vaut toujours mieux      que souffrir d'anorgasmie

Et le macchabée      est invité s'il est sage

Au festin des vers      ces anthropo-nécrophages

S'il a mauvais goût     on le recrache illico

Faut pas se forcer     t'as bien raison mon coco

Ami fossoyeur       l'après-déjeuner nous tarde

Pour mieux digérer     donnez-nous de la moutarde.

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Le sale gosse et la vioque

 

Trop près du service à thé

La théière a col de cygne

Profil tarabiscoté

Un enfant gâté trépigne

Tiens-toi bien mais il rechigne

Ah fi de l'enfant gâté

Une vieille qui tricote

Lui dit éloigne-toi donc

Par pitié du guéridon

Prends plutôt une biscotte

Nan je veux des gâteaux secs

Et de la brioche avec

Un plein bol de confitures

( Je fourrerai dans son bec

Des comprimés de cyanure).

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Pour meubler une traversée

Un soir le célèbre Riquet

Tu as ouï parler de Riquet à la Houppe

Etait affligé du hoquet

Au point de ne pouvoir ingurgiter sa soupe

C'est certes là tu me diras

Un bien incommode embarras

Un quidam d'intention fort bonne

Se détournant de son jeu de jacquet

J'en vois ici plus d'un que mon histoire étonne

Lui dit pour vous délivrer mon biquet

Il faut ingurgiter un peu de sucre en poudre

Si nous n'avons ici que morceaux en paquet

Alors on doit d'abord en moudre

À cette tâche eh bien je m'en vais m'attaquer

Le procédé ma foi fût-il alambiqué

Du samaritain sagace

S'avéra fort efficace

J'en devine plus d'un que mon histoire agace

Mais nous sommes au port il nous faut débarquer.

Autofiction IV : porter le fer

Longtemps j'ai

Pataugé

Perdu transi dans la gadoue

Froide et portée sur le rejet

Du concepteur du beau projet

De voyager jusqu'à Padoue

Il y a de quoi s'affliger

Etait-ce bien Padoue était-ce pas Chamrousse

Mais je tousse

Venez les gens à ma rescousse

Plus tard j'ai

Partagé

L'admiration pour un objet

Une arme blanche en fer forgé

Souvenir d'un tour à Cordoue

Bien camouflée au milieu de cartons

Mais revenons à nos moutons

Etait-ce bien Cordoue était-ce pas Tolède

Là je cède

Voyez vos agendas et venez à mon aide

Ces lieux ne sont pas sis dans les mêmes cantons

On n'y voit point nager les mêmes canetons

J'enviais les bobos en cure aux bains de boue

Les mous qu'une caresse opportune amadoue

Il est ma foi bien temps d'y songer

L'image qu'on en garde est peut-être un peu floue

Mais n'abandonnons pas le sujet

D'un trajet

Un jour nous irons jusqu'à Tanger.

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Dix-sept distiques

 

(exercice de style)

Il pense à l'aimable Didon

Dont

Il fut un temps la trop sensible

Cible

On exclura que vous gagniez

Niais

Le garagiste en son garage

Rage

De n'être toujours pas payé

Yé 

Oncques ne vit dans l'Orne à Laigle

L'aigle

Ni que fût un bidon de lait

Laid

Quelque implacable vigilance

Lance

Un grand envol de cerfs-volants

Lents

Ah Dieu du ciel quelle galère

L'erre

Force coups de ton bâton Ton-

Ton

S'abattront sur le misérable

Râble

Sur le muret d'un gros lapin

Peint

En un lieu peuplé d'ingénues

Nues

Montant à cru des étalons

Longs

Il crut reconnaître Isabelle

Belle

Qu'en eût pensé Alcofribas

Bah !

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Coude chaud pharmaceutique

 

Un banal suppositoire

Aurait voulu bifurquer

N'y pense plus mon biquet

Lui dit le sphincter d'un ton péremptoire

Malgré ton effort méritoire

Tu resterais au bout du quai

Car ton zèle après tout n'est pas opératoire

Entrons plutôt dans ce troquet

Tu as besoin d'un exutoire

Et ne nous fais plus tant d'histoires

Dis-nous plutôt que c'est OK

Parbleu c'est toi qui es toqué

Je vais me saisir de mon écritoire

Pour y consigner sur quelque becquet

L'inconfort de mon hoquet

Et sans intention circonlocutoire

Dehors il commence à faire frisquet

Fermons l'huis baissons le loquet

Pas de manœuvre dilatoire

Et puis place à l'agrément vibratoire

Du karaoké.

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Enigme attique

P :1

Faut-il entériner le fâcheux procédé

Mais en passer par là c'est une horrible chose

À vous faire avant peu balader sur la rose

Et quels arrangements voudrez-vous valider

Comme on l'a dit souvent il faut raison garder

Cessez de vous saouler crainte d'une cirrhose

Ou pire crainte d'un développement en prose

Nous tirerons au sort il faut jeter les dés

Les grincements de dents c'est chose inefficace

Quart d'heure du curé de Meudon c'est bien tard

À quoi bon ressasser le malheur d'Abélard

D'un tel capharnaüm le souvenir s'efface

Nous nous éclipserons à la Saint Boniface

Et l'on aura tôt fait d'oublier ce bazar.

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Drame en syntaxe

Avec Satan conclure un pacte 

Seigneur y pensez-vous l'estomac se contracte

Quand plus tard vous songerez

Que vergogneux vous avez

Au bout de l'horrible corde

Laissé pendre le pendu

Et que le remords vous morde

Soit en vérité l'effet attendu

Car son âme en peine

Rôdera jusques à tant

C'est là chose bien malsaine

Par les cornes de Satan

Don don dondaine

Que l'on ne l'aura dans la fosse descendu.

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