10 décembre 2011

Un stage aux champs.

Le troupeau resté scotché
Par la force centripète
À son rassurant plancher
Attend le garçon vacher
Qui doit incessamment procéder à la traite

Tiens voilà le travailleur
Visiblement tête ailleurs
Il lit Fragments d’Epictète
Et soudain pris de frayeur
Il a bien failli bousculer un veau qui tète

Il s’asseoit sur le trépied
Met le seau sous la mamelle
Mère vache est à l’épier
Sournoise et tout à coup elle
Fait semblant de corrida
Il en a grand peur oui-da

Face aux cornes de la mère
Qui le toise avec dédain
Il a vraiment peur soudain
Notre trayeur éphémère
Ah ne soyons par radin
Et trouvons pour le qualifier une épithète

Comique irait au trayeur
Cependant bon travailleur
Un partout la balle au centre
Rions de bon cœur que diantre
Le lait n’est pas renversé
Tout va bien rien de cassé
Il reste un moment vautré sur les pâquerettes

Après quoi notre bobo
Se relève sans bobo.

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23 novembre 2011

Partie perdue.

L’enfant pousse une tour et dit Echec au roi
L’aïeul se ressaisit Il faut réfléchir vite
L’invincibilité de l’ancêtre est un mythe
Il n’en mène pas large il est en désarroi

Sa culotte à l’envers languit dans son charroi
Un fier mérovingien dont l’attelage évite
Tout juste un hérisson et l’on s’en félicite
La rêverie nous mène en chasse en Auxerroi*

Pour nous faciliter aimablement la rime
Faites sonner le T final dans compliquât
Le grand-père distrait remonte en notre estime

On peut aimer les arts on peut aimer les maths
Las il a trop rêvé et c’est la phase ultime
L’enfant déplace un fou et dit Échec et mat.


* licence poétique, et toc !

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09 novembre 2011

Or sus !

Les preux chevaliers vont dans la bataille
Pour donner des coups à leurs ennemis
Écraser leur faut d’abord la piétaille
Tous ces gens de peu qui là se sont mis

Nos fers tous le jour nous entrechoquâmes
Et quand vient le soir les corps étendus
Font grande pitié qui saisit nos âmes
Quant aux détrousseurs ils seront pendus

Et le lendemain près de la grand’route
Un cheval tranquille et démonté broute
Il a je présume oublié déjà
Le sieur dont un coup d’épée l’allégea.

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05 novembre 2011

Le publicain

Tous ces travaux assez ardus
C’est pour déterminer la somme
De ces deniers à César dus

D’après le fils de Dieu fait homme
Il faut rendre à César
Ce qui est assez hard

Payer ses impôts n’est pas le plus difficile
Il faut surtout rendre à Dieu
Ce qui lui revient d’après l’Evangile
Selon saint Matthieu.

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02 novembre 2011

Épigramme

Vous gens de la Réunion
Que l’incendie rend grognon
Et qui demandez sceptiques
Ce que fait la République
N’ayez peur car Sarkozy
Toujours soucieux de réclame
Dès qu’il en aura fini
Avec le sommet de Cannes
Ira pisser sur vos flammes.

20 octobre 2011

Politique

C’est dans une atmosphère ouatée
Que la gauche empapaoutée

Prend son chocolat van Houten
Avec des biscuits au gluten

Ou bien sans pour ceux qui préfèrent
C’est vous qui décidez mes frères

Et à minuit tapant Dray ou
Autre soutient Papandréou.

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18 octobre 2011

Destinataire

C’est le petit moteur
De la machine à traire
Mis là pour nous distraire
Parfois perturbateur

Mais je te vois facteur
De ta sacoche extraire
Une lettre ordinaire
Pour le conspirateur

Par là soignant sa panse
Sans craindre la dépense
Inondé de sent-bon

Je sais à quoi il pense
Au roi Jehan le Bon
L’amateur de jambon.

12 septembre 2011

Retour

Ça me fait du bien chérie
De revoir ma porcherie
Sur cette place à Paris
Oyez le verrat qui rit

Il se glisse sous le porche
- Où sont les clés de la Porsche ?
Quand le calme est revenu
Il sort de son bain tout nu

L’enfonceur de Porsche ouverte
Nous en a fait voir des vertes
L’ex-chef du F M I n’est
Pas du tout efféminé

Que le monde entier le sache
Malgré tout cela fait tache

S’il était chanteur de rock
Il donnerait à son cock
Accès à plein de groupies
À ses genoux accroupies

Retiré dans son grenier
Près d’une poupée gonflable
Il a laissé son portable
Ouvert On l’entend grogner.


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24 août 2011

L’attentat suicide



Au sortir du lit c’est fête
C’est le jour où tout s’arrête
Pour le grand boum je m’apprête

Tout est bien considéré
Le grand boum est préparé

Ce tantôt tout pète
Tout autour de moi choses gens vont échapper
Pour un court moment à la force centripète
Ils vont s’en émanciper

Saperlipopette
On pourrait presque l’annoncer
À coups de trompette
Tellement c’est bien agencé

Processus précipité
Pour avoir voulu goûter
Aux pâtes cuites al dente
Avant d’aller faire exploser la charge
Et s’être approché du feu
Pas le temps de faire un voeu
Au lieu de passer au large
Le feu prend au TNT
Hélas boum tout a pété


Jour de fête
Tout s’arrête
Ça ne valait pas tripette

Alors pauvre tête en l’air
On dit bonjour à l’enfer.

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11 juillet 2011

Sommeil agité.

À plus tard les péripéties
Le poète a fini bien tard
Sa ballade et nom d’un pétard
Il doit soulager sa vessie

Il repose avec minutie
Avant que d’aller au plumard
Sa plume dans le galimard
En invoquant Sainte-Lucie

Lors se couche et sommeil venu
Voilà qu’il y sombre tout nu
Ronflant comme un soufflet de forge

Un singe suce un sucre d’orge
Dans son cauchemar saugrenu
Trop malvenu aussi le tords-je.

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26 juin 2011

Éclats polémiques.

Une puanteur se répand
C’est que les anneaux éclatèrent
Fourmis et d’autres en soupèrent
Et les corbeaux en s’agrippant

Un âne ennemi des serpents
Qui piétine un noeud de vipères
On se tortille on désespère
Pour ces animaux c’est flippant

La haine est pur cadeau du diable
Vous y repenserez souvent
Les pas de l’âne épouvantable

Seront effacés par le vent
Et seul son crottin sur le sable
Témoignera qu’il est vivant.


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13 juin 2011

Enfer et dindon.

Dans l’enfer de Satan ses diablesses coudront
Avec du fil ardent des aiguilles amères
Un assez vaste lot de tuniques ta mère
Pour vêtir les damnés à bouillir au chaudron

Le dindon rôde autour de nos rhododendrons
On l’a mis dans l’enclos pour chasser les vipères
À la vue d’un serpent dindon tu t’exaspères
À nous en protéger nous te le revaudrons

Pourquoi faut-il voiler les gibiers de géhenne
Le peintre en les peignant se raccroche au pinceau
Il me les faut tous nus l’éternité s’égrène

Et diablesses sans fin d’œuvrer à ce trousseau
Le dindon dans l’enclos fait le croquemitaine
Une vipère encor se cache au fond d’un seau.

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30 mai 2011

La Vocation (3)

En sortant de là il a pris quelques kilos
Il émet un rot j’ai le hoquet c’est ballot
Il se le répète en quittant la sacristie
Ballot d’avoir le hoquet
Sinon tout serait O.K.

Revenu en porcherie
Il cherche à l’ordinateur
Comment se vouer à Marie
Et servir son Créateur

Comment est-ce qu’il faut faire
Bientôt j’entre au séminaire
Et mourrai c’est décidé
En odeur de sainteté.


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29 mai 2011

La Vocation (2)

Asseyez-vous là lui a dit le desservant
Quoi de neuf encor ajoute-t-il en servant
À son invité du potage et des légumes
Avec une paille un excellent jus d’agrumes
Et puis des fayots mijotés à sa façon
C’est tout un travail faut surveiller la cuisson
Il faut remuer sans cesse
Reprenez donc du poulet
Deo gratias écoutez cher porcetet
Dès ce soir je vous confesse
Demain vous servez la messe


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28 mai 2011

La Vocation (1)

Un cochon pas très propret
On le renifle à distance
Sa petite amie le tance
Va te laver malpropre et
Ne me reste pas auprès

Quand il a fini je pense
De se savonner rincer
Sécher pomponner poncer
Mis du sent-bon où l’on sait
On lui dit en récompense

Cochonnet bien récuré
Sans me suivre sans arrêt
Va dîner chez le curé
Tu y trouveras pitance
Et te rempliras la panse

Lors au presbytère il court
Il y trouve table mise
Et l’homme du Dieu d’Amour
Col de clerc sur la chemise
L’air cool et décontracté
Dit le Benedicite

23 mai 2011

Souvenir baroque.

À l’heure où le soleil s’en va manger la soupe
Son sillage tracé de l’amont vers l’aval
En fléau de balance à plateaux Roberval
Le disque sur la mer semblait une soucoupe


Alors sur la falaise une joyeuse troupe
Allait à pied soudain surgit sur son cheval
Un jeune hurluberlu masqué de carnaval
Il s’arrête auprès d’eux la fille monte en croupe


Qui depuis un moment le regardait venir
Je le sais je l’ai vu j’y étais moi son frère
De la scène en question je garde souvenir



Les labeurs et les ans ne m’en ont su distraire
Aux vaches je m’en plains à l’heure de les traire
Dans leur lait vont les pleurs qu’on ne peut retenir.

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17 mai 2011

Les études.

Il faut chercher à s’instruire
Outre qu’en soi c’est plaisant
L’effet est satisfaisant
Quand on l’obtient va sans dire


Beaucoup trop de gens l’ignorent
Quelques-uns le savent bien
Devenus grands on honore
Ceux-là les autres n’ont rien


Car au sortir des écoles
On sait absolument tout
Plus encor quelques bricoles
Dans la vie c’est un atout


C’est chose à garder secrète
L’autre jour une indiscrète
L’ayant crié sur les toits
S’est fait taper sur les doigts.

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15 mai 2011

Embarras vipérins

(chansonnette)


Pour faire aux vipères
Cracher leur suc il n’est besoin
De leur entraver les pattes arrières
Elles n’en ont point
Savez-vous ma chère
Tra la la la lère
Tadada tsoin-tsoin

Quand une vipère
Prétend aux aguets voir au loin
On doit lui fixer un casque à visière
Ajusté ma chère
Avec très grand soin
Tra la la la lère
Tagada tsoin-tsoin

Et quand la vipère
A fréquenté le petit coin
Il lui faut torcher son joli derrière
C’est bien du tintouin
Sans les mains ma chère
Tra la la la lère
Tagada tsoin-tsoin.

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04 mai 2011

Maxime pour se bien conduire et dédaigner la bassesse.

Ne pas se trouver dans le caniveau
Le nez au niveau
Des bêtes rampantes
Que même un basset oreilles tombantes
Regarde de haut

Prenant garde comme il le faut
À bien conserver sa truffe flairante
Pour la garantir du froid et du chaud
Sans difficulté apparente

Qui sert à reconnaître les cho-
Ses tant soit peu odoriférantes.

12 avril 2011

Les écrits resteront.

Il faudra douze pieds se terminant par ouche

Des écrits nous exigeons
Ont roucoulé les pigeons

Les taons près de l’étang font des pattes de mouches

Vous vouliez que j’écrivisse
A déclaré l’écrevisse

Moi je nage à reculons
Et je ne saurais allons

Bon j’écrirai deux mots pour la Saint-Nitouche

Faut laisser du temps aux taons
Non les taons ceci étant

Faut les noyer dans l’étang
En haletant ah les taons

Le pêcheur à la ligne à l’autre bout fait touche

Promeneur qui se promène
N’a d’yeux que pour sa Chimène

Elle n’a d’yeux que pour lui
Dans l’étang le soleil luit

Tous les deux à la fin se sont donné la bouche


Le soleil s’en est allé
Un rêveur s’est étalé

S’étant pris en passant le pied dans une souche

Lors les lapins ont surgi
C’est le soir tous au logis

Et le poète implore une muse farouche.


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25 mars 2011

Contribution à l’Histoire de l’Art.

L’Origine du Monde a pris l’air et la pose
Ornée de sa toison monsieur Courbet la peint
Avec son fier pinceau fait de poils de lapin
Si ce n’est que je sois condamné à la prose


Disant je ne dis rien vous dites quelque chose
Vous n’êtes pas les seuls il faut gagner son pain
Courbet fait un tableau pour un client rupin
Celui-ci ne le montre pas à tous il n’ose


Je n’ai jamais très bien perçu jusques à quand
Le corps nu d’une brune ou d’une fausse blonde
Décora le salon de feu Jacques Lacan


La Commune ah ce fut plus sanglant que la Fronde
Jamais las d’ausculter la révolte qui gronde
Il avait déjà peint les vagues à Fécamp.

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19 mars 2011

Retard et outrage.

- Ah Dieu du Ciel quelle misère
Il me faut une fois encor
À la réquisition du Maire
Filer au Monument aux Morts

Et l’outarde fort en colère
Invitée l’ordre est formel à
Venir commémorer la guerre
S’en va-t-à pas lents jusque là

- Enfin vous voilà madame l’outarde
A bougonné le magistrat municipal
Vous n’encourrez pas la peine du pal
Votre cadran solaire a priori retarde

Ça va pour cette fois mais
Veuillez veiller désormais
À précise exactitude
C’est l’us en nos latitudes

Dans son ton y a du dédain
Sentant lui monter soudain
Aux narines la moutarde
- Ah c’est ainsi dit l’outarde

Je ne me sens pas le cœur léger
Cet incident pèse sur ma rate
L’an prochain j’inclurai cette date
Dans le temps béni de mes congés.

06 février 2011

Bourrique patraque

Melchior est sur le flanc son tractus digestif
Est pris de convulsions parfois d’un spasme intempestif
Et sa douleur s’exhale en braiements lamentables
Ces troubles qu’il a là sont vraiment très inconfortables

L’on a convoqué
Le vétérinaire
Il a dit OK OK
Je vois skeussé laissez-moi faire

Il a sans hésiter
Prescrit des cataplasmes
Pour le débarrasser
De ces horribles spasmes

Et puis j’ordonne encor un flacon de sirop
Trois fois par jour faut en prendre
À quelque temps d’ici vous irez au galop
Ça fait plaisir à entendre

L’âne ayant repris goût au foin chocolaté
N’a plus aucun prétexte à rester alité

Le revoilà sur pied on peut le voir qui broute
Auprès de l’écurie à l’écart de la route.

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11 janvier 2011

Débordements

C’en est assez des toboggans
Essayons les tobomitaines
Quand les doigts sortent de la laine
C’est le confort de l’élégant
Je le sais de science certaine
Lorsqu’on les porte on est fringant

C’en est assez des kangourous
Essayons voir les kangouroses
Sur le chemin de Chateauroux
Les voir sauter c’est quelque chose
Mais craignez les métamorphoses
Par pleine lune en loups-garous

C’en est assez des boomerangs
Essayons les boums en désordre
Sec le whisky saurs les harengs
Crosse en l’air et rompons les rangs*
Jusqu’en la chambre des parents
La sono donne envie de mordre

Oui c’est assez dit là-bas l’Aisne**
Qui déborde ah quel vilain tour
Mangeons la poire Belle Hélène
En contemplant la Loire à Tours
Ou la Seine avec ses détours
Qui dans son lit poursuit son cours
Une autre fois c’est la Vilaine
L’Aa*** qu’il faut craindre ou l’Adour


C’est assez de la chasse à courre
Je vais pour ouvrir le frigo
Où gît le lait en berlingot
En m’entendant les chats z’accourent
Et je leur z’en sers z’à gogo
Ou mieux à tire-larigot
Ils ont repéré le gigot
À l’aide il faut qu’on me secoure.


* grand merci à Eugène Pottier !
** ainsi qu’au Grand Duc du Kalembourg
*** propulsé là, l’Aa, par l’ordre alphabétique (le Var aura sa chance une autre fois).

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10 janvier 2011

Voeux et nouvelles.

A l'occasion du nouvel an chinois, qui commence bientôt, je souhaite à tous et à chacun(e) une bonne et heureuse année du Lapin.


Auto-promotion: on trouvera sur le site "Harmoniques et Nuances" une "Fin de Bokassark" (drame historique) commise par votre serviteur.