28 décembre 2009

Visite médicale

La chatte a voulu
Dès potron-minette
Manger ses croquettes

D’un pas résolu
Nous prîmes la route

Car il faut se lever tôt
Pour aller chez le veto
Cela ne fait aucun doute

Il a regardé
Les quatre canines
Et les coussinets
Elle a bonne mine

Ne la nourrissez pas trop
Je la vaccine et au trot

Le vaccin assomme
C’est l’heure à présent
De son petit somme
Mais elle a le poil luisant.

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19 décembre 2009

Automédication

J’aurai meilleure mine
Avec la vitamine
C
Sans su-
Cre à su-
Cer
Pour l’éradication
Du rhume
L’automédication
J’assume.

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18 décembre 2009

Espoirs déçus.

Gambadez sur les chemins
Tracés en Carte du Tendre
Ou livrez-vous pieds et mains
Liés aux pièges qu’aiment tendre
Les rase gratis demain
Au pire il faut vous attendre

Oyez oyez les tambours
Croquez croquez petits beurres
Je répèterai toujours
Jusques à ma dernière heure
La politique et l’amour
Sont les deux pays du leurre.

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15 décembre 2009

Photo officielle

C’est une île dans le noroît
Sise sur le cercle polaire
Une visite circulaire
Montre geysers chauds et monts froids

Las le pays est en émoi
Et la vindicte populaire
S’en est prise aux patibulaires
Crise et krach et grand désarroi

Tenons-nous loin de la falaise
Laissons la clé du champ de tir
Première ministre islandaise

Johanna Sigurdardottir
Vous pouvez vous mettre à votre aise
Le petit oiseau va sortir.

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01 décembre 2009

Comme d’autres…

Comme d’autres le goujon
Je veux taquiner la muse
Peintre fais ton badigeon
Entends-tu la cornemuse
Maintes fois nous y songeons
L’histoire est un peu confuse
Avec envol de pigeons

Notre fier seigneur s’amuse
Vous enfermerez l’intruse
Qui se cachait dans les joncs
La tiendrez en le donjon
Elle y restera recluse
La folle enfant se refuse
Nous son seigneur nous rageons

Notre fier seigneur s’abuse
Et nous nous interrogeons
L’histoire est un peu confuse
Le peintre à la fin par ruse
Au loin l’enlève abrégeons
Point ne nous en affligeons
Alors l’hilarité fuse

Notre fier seigneur s’accuse
À notre Salut songeons
La mort à face camuse
Nous invite au grand plongeon
Maintes fois nous y songeons
Entends-tu la cornemuse
Avec envol de pigeons

En cachette le singeons
Alors l’hilarité fuse
Enfermés dans la cambuse
Avec des œufs d’esturgeon
Entends-tu la cornemuse
Qu’advient-il nous les mangeons
Comme d‘autres le goujon.

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27 novembre 2009

Les poètes ont soif.

Plus soiffard que moi tu meurs
Sur la boisson faisons main basse

Il fallait que je m’hydratasse
Tous les milieux intérieurs

Ce tantôt j’ai mis des fleurs
Infuser là dedans ma tasse

Hélas j’ai vu leurs couleurs
A la fin devenir fadasses

De l’eau chaude a chu malheur
En éclaboussant mes godasses

Les infusions c’est assez vain
Nous allons nous mettre au bon vin.

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22 novembre 2009

Tour de France.

Assis au bord de la route
J’entreprends casser la croûte
Près de moi vient un putois

Il demande en son patois
Qui devrait gagner l’étape
À dire vrai je m’en tape

Je n’ai pas d’avis tranché
C’est pour paraître branché
Dit-il que j’ai fait semblant de

Formuler cette demande
Et drapé dans son odeur
Il applaudit les coureurs.

15 novembre 2009

Désorienté

J’ai visité les Pays Bas que
J’avais pris pour le Pays basque
Tenant une carte à l’envers
J’ai confondu cols et polders

Distinguons le Péloponnèse
De la Scanie que tu es niaise

L’on se fourvoie sur les chemins
D’Europe et craignons que demain
Voulant aller aux pays Baltes
La rime nous conduise à Malte

Qu’on aille à l’ouest qu’on aille l’est
À chaque bout l’on trouve Brest

Trop souvent l’erreur d’aiguillage
Guette en effet le voyageur
Qui n’est pas tout à son voyage
Et se voit dérouté rageur

Nous ne confondons pas la Crète
Avec Oslo que tu es bête

Il faut pour paraître branché
Garder un petit air penché
Sur la petite mappemonde
Hélas comme il est grand le monde

Croyant aller vers le soleil
Je demeuré surpris quand au Cercle polaire
Mon excellent cadran solaire
Ne sut pas m’indiquer le moment du réveil.

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13 novembre 2009

Vendredi treize.

Ô vieillesse ennemie
(Corneille)


Les problèmes domestiques
Familiaux informatiques
En quantité
Et de santé
Vont-ils se résoudre avant l’été

Contre ton âme obstinée
Ci le veut la destinée
Tu resteras
Dans l’embarras
Ce jusques au jour que tu mourras.

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11 novembre 2009

Chuintement.

(chuinté)

Je chuchais j'un chucre d’orge
Pour choigner mon mal de gorge

Le pharmachien m’a prédit
Qu’il cherait bientôt fini

Le mal de gorge lui fis-je
Non dit-il la friandije

Chaque jour un peu pas trop
Abchorbez de che chirop

J’en ai bu plus d’une pinte
Et ne touche plus depuis
J’ai juchte un petit ennui
Lorchque je parle je chuinte.

05 novembre 2009

L'aventurier.

Quand amour rime avec toujours
C’est beau la vie c’est beau l’amour
Le rimeur sans se lasser trime
La rime vient c’est pour la frime


Mais pour la belle que j’aimais
Amour rimait avec jamais
Et mon cœur cognait cognait mais
De la galère où je ramais

Le rimeur en cherchant sa rime
Croit l’avoir trouvée dans le crime

Un cruel et que sais-je encor
Pirate a mis là son trésor
Perles bijoux et pièces d’or
Ou bien des éclats de vaisselle

Je voyais un vol des vautours
Près des murs de la citadelle

Dans les bois allant faire un tour
Un marcassin trouve une truffe

Et la rapporte à sa maman
Pour fêter la fête des mères
Tant pis si la truffe est amère
La laie l’avale goulûment

Je suis d’accord avec Tartuffe
Pour prôner le plaisir sans peur
L’amour sans scandale ô ma soeur

J’avais cuisiné des paupiettes
Préparé des pommes vapeur
Mais la chatte a cassé l’assiette

Amie apaise ta fureur
Si la chatte était dans l’erreur
En mettant ta vaisselle en miettes

Bris d’assiette est porte-bonheur.

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04 octobre 2009

Retour de la ville

(neuf pieds)

As-tu pris du bon temps Alizée
À la ville où tu fis ce séjour
Oui-da je me suis bien amusée
À présent me voici de retour

N’es-tu pas allée voir au musée
Dont on dit qu’il valait le détour
Des tas de vieilles choses usées
Ou bien as-tu flâné alentour

Certain cadre âgé quadragénaire
A prétendu me draguer dehors
Puis un quincailler quinquagénaire
Voulut m’intégrer dans son décor

Vieux garçon Otto l’octogénaire
M’a dit viens je te couvrirai d’or
Puis le sexshoppier sexagénaire
S’est vanté de sa vigueur encor

Toi que je connais bien avisée
Qu’as-tu répondu à ces croûtons

Au quadra j’ai dit tout dégénère
Je veux bien te montrer mes tétons
Tu vois je ne suis pas trop farouche
Va pour quelques billets mais pas touche
Garde-toi d’approcher à tâtons

Au quinqua j’ai dit le tégénaire
Capturée la mouche est fort glouton
Je m’en méfie le trouvant très louche
Et reste hors de portée de sa bouche
Ne me regarde pas sur ce ton

Otto l’octo m’a fort médusée
Sa braguette était fleurdelysée
Et feignant d’être scandalisée
Je suis partie comme une fusée
À son nez à sa barbe au menton

Mais dans le sexshop j’ai fait l’emplette
D’un intéressant godemiché
Je l’ai pour ainsi dire arraché
Des mains de son vendeur obsolète
J’ai l’objet dans mon sac bien caché
Et veux m’en servir avec Rirette.

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26 août 2009

Alizée voyage

Le car va-t-il nous mettre à temps
À la gare de Carentan
Pour le train de sept heu dix-huit Tre
Treu tre treu tre vibre la vitre

Un petit chien sort du panier
La tête et l’on ne peut pas nier
Qu’il est doué pour faire le pitre
Treu tre treu tre vibre la vitre

Tel voyageur pressé descend
Une grosse dame en montant
Gronde un enfant qui récalcitre
Treu tre treu tre vibre la vitre

Tu vas voir ton pé tout à l’heu
Y a de la presse et des odeu
On serait mieux en wagon-lit Tre
Treu tre treu tre vibre la vitre

Un lecteur lit indifférent
À tout un livre fort prenant
Dont je n’aperçois pas le titre
Treu tre treu tre vibre la vitre

Dans les champs les boeufs vont broutant
Alizée bâille en s'étirant
Alizée rêve à Pointe-à-Pitre
Treu tre treu tre vibre la vitre.

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16 août 2009

L’impromptu de Mediapart

Potassant Saint Thomas d’Aquin
Au paradis des anges lurent
Qu’un grand plumard à baldaquin
Qui craignait fort les engelures
Crut bon de s’attacher les soins
D’une avenante bassinoire
On la voit là-bas si noire
On la voit si noire au loin
Et Melchior broute son foin
Tranquille au bord de la Loire.

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05 août 2009

Liberté d’expression

Bientôt petit rappeur merdeux
Tu sauras le sort d’Edouard deux

Vois cette corne creuse
Quand tu la sentiras
Ajustée à ton ras
Du cul d’abord tu riras
Sans du tout te douter que la suite est fâcheuse

La corne creuse au cul chatouille et c’est plaisant
Le fer rougi au feu te sera fort cuisant

Le pal a-t-on dit commence
Bien mais il tourne en souffrance
Immense
Intense

C’est du dedans que sans retard
On va te transpercer la panse
Te cramer le lard


Embroché de part en part
Tu pourras hurler lascar
La mort donnera je pense
À ton gré la délivrance
Avec beaucoup de retard
Tu n’en auras pas conscience

C’est du sadisme pur dis-tu non c’est de l’art
Et l’art mon pauvre vieux n’est jamais en vacances.

27 juillet 2009

Entraînements

Une grenouille attifée d’un tutu
Fait de son mieux des entrechats pointus
Probable effet d’une métempsycose

Téméraire un moucheron se propose
De voltiger auprès dessous dessus
L’insecte veut mais c’est Dieu qui dispose

Ou bien alors disons c’est la Natu-
Re ainsi nommée en désespoir de cause

Un coup de langue et la mouche a vécu
Pas plus longtemps que ne vivent les roses
Voyez un peu à quoi tiennent les choses

L’animal buveur d’eau ne craint pas la cirrhose
Ci veulent rime et ligue de vertu

Hélas pour le batracien sa dompteuse
Brandit le fouet en menaçant son cul
Elle dit à la grenouille danseuse
Paresseuse oh bientôt sauteras-tu

Sauteras-tu bientôt ô paresseuse
Si tu ne bouges pas ton show fera un flop

Et hop et hop et hop et hop
En quatre bonds elle est au top.

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30 juin 2009

Complainte de la Présidente

Mon doux seigneur n’est-ce pas mal
D’accorder un paquet fiscal

Ce qu’on s’en fiche
Carla ma biche

Mon doux seigneur il est honteux
De bloquer la retraite aux vieux

Ce qu’on s’en fiche
Carla ma biche


Ô mon doux seigneur ça fait chier
Persécuter les sans-papiers

Carla ma biche
Ce qu’on s’en fiche


Mon doux seigneur faut arrêter
D’affaiblir l’université

Carla ma biche
Ce qu’on s’en fiche


Mon doux seigneur ce n’est pas bien
Traiter les ploucs en galériens

Ce qu’on s’en fiche
Carla ma biche

Pensez un peu mon doux seigneur
À vous occuper des chômeurs

Enfin Carla Carla ma biche
Je m’en fiche et m’en contrefiche


Mon doux seigneur faut je ne mens
Ménager l’environnement

Mais que veux-tu Carla ma biche
Ma politique est pour les riches.

De ce que tu me dis-là ma mie
Je me soucie
Ma foi
Autant que d’un pois
Chiche.

23 juin 2009

Remontrances des sept nains.

On t’avait pourtant raisonnée
Occupez-vous de vos oignons
Nous as-tu dit d’un air grognon
Ainsi se fait la destinée


La pomme qui te fut donnée
Non fallait pas c’est trop mignon
Tu l’as mangée jusqu’au trognon
Or elle était empoisonnée


Il faut se rendre à la raison
Couvrons nous les barbes de cendres
Mais nous voyons à l’horizon


Venir un prince il va descendre
De cheval et sans plus attendre
T’administrer contrepoison.

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07 juin 2009

Point cardinaux

Midi je le vois à ma porte
A l’Est le soleil se levant
Nous dit le Nord en quelque sorte
A droite et l’Ouest est droit devant

Moi c’est le noroît qui m’importe
Le noroît d’où souffle le vent
Lorsque je lis Janet la Torte
Ou Le cri de l’engoulevent.

28 mai 2009

Vocation brisée.

Un serpent boa constrictor
L’on néglige un peu trop ces bestiaux l’on a tort
Pour la sotte raison qu’ils n’ont point de sonnettes
Non plus que paire de lunettes

Affirmait que dès demain
Il signerait des deux mains
Pour porter les épaulettes
Son engagement
Dans un régiment

Pékin vous ne sauriez faire
De façon réglementaire
Aucun salut militaire
Dit l’adjudant-recruteur

Il enfonça le clou ne sachant pas se taire
Et portant le regard ailleurs
Il ajouta ce commentaire
Ni tenir à deux mains le fusil-mitrailleur

Ni marcher au pas je suppose
Il faut considérer la chose
Adieu car civil vous devez rester
Et tâchez au moins de bien vous porter

Notre serpent fort dépité
Voulut saisir son député
Hélas ne sachant point tenir la pointe bique
Le malheureux serpent devint mélancolique

Dès lors dans les bars il s’applique
Il a pris le pli d’y traîner
A vider tonneaux et barriques
De Bordeaux et de Cabernet

C’est ici qu’il faut que je clique
Pour envoyer sur Internet
Ce récit rimé magnifique
Puissamment écrit clair et net.
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22 mai 2009

Évocation d’un fâcheux.

(pour Melchior, qui ne sait pas sur Mediapart trousser tout seul les épigrammes)

Commencez-vous les gens à entrevoir
La profondeur du précipice
Ce bonhomme habillé de noir
N'est point figure en pain d'épice

Nonante-neuf pour cent sucés ce soir
Le restant au frigo il glisse
Les fourmis pour le tamanoir
Sont un régal un vrai délice

Notre ogre s’en vient dessus le trottoir
Trier son monceau d’immondices
Il le racle avec un racloir
Horriblement le racloir crisse

Il aimerait à grands coups de boutoir
Nous précipiter à l’hospice
Melchior décrète en son broutoir
Il faut que le mérinos pisse.

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16 mai 2009

Paléontologie polissonne

Au seuil de la caverne
On doit s’agenouiller
Ainsi mieux on discerne
Le sec et le mouillé
Sous l’effet du désir notre chair est ductile
Je sens dit le ptérodactyle
Agréablement chatouillés
Mes tissus érectiles.
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13 mai 2009

Fin des soucis énergétiques.

Voici des vers de circonstance
Pour célébrer une naissance

Qui saurait inventer
Le moyen de capter
Des hurlements d’enfants la terrible énergie
Source qui n’est jamais tarie
Nous mettrait à l’abri de toute pénurie

Et serait à coup sûr fêté
Bienfaiteur de l’humanité

Fomentez en douce
Un concert de bébés braillards
Du coup l’économie repart

Lorsque l’enfant pousse
Un cri de famine
Le cercle de famille abasourdi
Fait le mort à l’abri
De ses amples tartines
Et voudrait qu’il mette en sourdine

Moi-même le souhaite alors que je l’écris.

16 avril 2009

Songe de vieux.

Assis le vieillard boude en son bout de cuisine
Grand-mère encore un coup vient de lui reprocher
De s’être délesté - la tête elle a hoché -
Jadis de ses trois sous pour une gourgandine

Il est las à la fin de la guerre intestine
Il se prend à songer à corde et à crochet
Ou le temps qu’il faudra ses deux poignets tranchés
Il les pourrait laisser saigner en la bassine

Se jeter sous un train semble assez radical
Ou noyer d’un seul coup l’insupportable plainte
Qui monte de son cœur brisé de vieux chacal

Le lendemain matin l’on trouverait sans mal
- Il y songe en fumant sa pipe presque éteinte -
Son déambulateur laissé près du canal.

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13 avril 2009

Trop pressés d’en finir

Lorsque le temps sera passé
Faudra songer à trépasser

À la fin de la fête ils burent
Un dé à coudre de cyanure

Ils ne virent donc pas la suite et c’est tant mieux
Un serviteur passa pour leur fermer les yeux

La fin du monde étant remise
Pour quelque motif à plus tard

Dieu la rangea dans un placard
Pour nous la resservir en pochette surprise.

02 avril 2009

Soir d’avril

Ému d’apercevoir en un ciel bleu foncé
Le croissant de lune engoncé
Dans un nuage au contour digne
Et Vénus non loin qui fait signe
Étoile du Berger à la brillance insigne

Et l’on sait
Sans les voir d’ici que les cygnes
Sur notre petit lac ont un air balancé
Le chat s’en est allé chasser
Dans la vigne

À fermer les volets il faut qu’on se résigne
Les devoirs du soir nous sont tout tracés
Le repos agité que la nuit nous assigne
Et dès demain matin tout à recommencer.
.

13 mars 2009

La couleuvre à la jambe de bois

.

Il vous est raconté par votre gentil chat
Qu’une verte couleuvre un beau jour s’enticha
D’une jambe de bois trouvée
Sur un chemin de la vallée
Un unijambiste ivre un jour dans le ravin
Avait dû l’y avoir laissée
Alors qu’il y cuvait son vin
Tout autour elle s’enroula
Puis à cloche pied retourna
Jusques en son logis pressée
Mais ne put par malheur s’en trouver délacée
Un jeune médecin vint à passer par là
Lors il en fit son caducée

Me direz-vous Carla
Si ma ballade est assez bien troussée
Pour mériter que me coopte l’A-
Cadémie quai Conti sans être embarrassée ?

Madame et chère Consoeur,
Une fois encore je viens supplier votre altesse de faire le nécessaire pour que je sois enfin élu à l’Académie dont votre époux est le Protecteur éclairé et bienveillant.
Et fuis, de votre alteffe, le très-humble et très-obéiffant ferviteur et fujet,

Griffollet, chat de lettres.

07 février 2009

L’invitation au restaurant



(épopée moderne)


La belle a commandé sa chicorée frisée
Pourrais-je avoir encor dit-elle une bolée
De cidre avec mon omelette aux champignons
Son accompagnateur écarte après l’entrée
La potée auvergnate et le bœuf bourguignon

L’homme était fatigué d’une rude journée
Et perdant l’appétit cala sur ses rognons
Pour lire l’heure alors il sortit son oignon
Ne voyant pas bien clair il chaussa son lorgnon
Lequel mal ajusté tomba dans la purée

Après tous ces tracas il se montra grognon
Prit le chef à partie réclama du quignon
Le pain n’est pas encor sorti de la fournée
Un léger embarras s’installe en la durée
Bientôt il s’écria patron c’est ma tournée
Mettez-nous un rosé d’une bonne cuvée
Pour arroser le Roquefort ou le Soignon

Peut-être qu’à défaut d’une crème brûlée
Nous prendrons en dessert des noix et des brugnons
Une tarte tatin la chose est décidée

Allant faire pipi l’horrible maquignon
La laisse seule et c’est chose malavisée
Qu’il ne faut pratiquer sans craindre le guignon
Se baissant pour saisir sa serviette tombée
Sur le bout de sa table accrochant son chignon
Qui se défait la voilà toute échevelée
Qui drague son voisin le pire nous craignons

(Le maître étant absent ce lui fut chose aisée
Ce vers est emprunté mon joyeux compagnon
Merci à la belette et au lapin mignon
Criez donc au plagiat nous nous y résignons)

Il lui servit encor maintes billevesées
À les décortiquer ici nous répugnons
C’est un grand malotru je lui foutrais des gnons

À la table à côté l’on boit du Sauvignon
Buvons un verre au fils d’Elisabeth Gagnon
Ce sont des Stendhaliens qui font une virée
Ben moi les intellos je leur pisse à la raie

À peine a-t-il fini son bout de logorrhée
Que la belle lui dit retourne à Cro-Magnon
Et quittant cet endroit sans s’être retournée
Au-dehors prend le bras du nouveau compagnon

Pour notre malappris la chose est mal barrée
Il s’exclame en lisant l’addition préparée
Je me suis fait avoir alors jusqu’au trognon.

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26 janvier 2009

Rêve bas-normand.

Sachez-le désir d’aventure
Travaille au corps la créature

Pour développer sa bouture
Au géranium il faut son content de crottin

Vous ânes ramasseurs de lait du Cotentin
Ne vous aventurez trop loin du picotin

Et restez garés des voitures
Quand le vent de noroît souffle dès le matin.

10 janvier 2009

Vocations de Benoa


(épigramme)


Il fut d’abord gigolo
C’était un job rigolo
Puis devint garde-barrière
Et fit dans ce métier honorable carrière
Hélas tout ici-bas fini mondialisé
Quand les à-niveau passages
Furent délocalisés
Il se fit faire pape et en cela fut sage.
Au Saint-Siège il est enfin
Jamais à court bon vin.

04 janvier 2009

L’étudiante allemande et l’Auvergnat

(exercice de style, pour commencer l‘année en douceur)

Et tant et tant grandit le veau
Qu’à la parfin s’en devient vache

C’était un veau brave et nouveau
Maintenant il a l’air bravache

Et dans sa blouse de sarrau
L’éleveur ses cheveux s’arrache

Il faut une mise à niveau
Pour parer la zizanie vache

Une Allemande à son carreau
Dans le chardin près du carache

S’apprête à passer des oraux
Le soleil luit après l’orache

Ach dit-t-elle à boire sirop
Trop fort on est dans le cirache

Pour aller garnir un caveau
Cocher du corbillard cravache

Dans le ciel bleu les oiseaux vo-
Lant volent grues et oies sauvaches

Les bœufs s’en vont au labour oh
Le laboureur boit sa bourrache

Chans du tout crier au complot
Que chacun demeure à cha plache

Le géranium chur chon terreau
Et l’Auvergnat chur cha terrache.