07 février 2009

L’invitation au restaurant



(épopée moderne)


La belle a commandé sa chicorée frisée
Pourrais-je avoir encor dit-elle une bolée
De cidre avec mon omelette aux champignons
Son accompagnateur écarte après l’entrée
La potée auvergnate et le bœuf bourguignon

L’homme était fatigué d’une rude journée
Et perdant l’appétit cala sur ses rognons
Pour lire l’heure alors il sortit son oignon
Ne voyant pas bien clair il chaussa son lorgnon
Lequel mal ajusté tomba dans la purée

Après tous ces tracas il se montra grognon
Prit le chef à partie réclama du quignon
Le pain n’est pas encor sorti de la fournée
Un léger embarras s’installe en la durée
Bientôt il s’écria patron c’est ma tournée
Mettez-nous un rosé d’une bonne cuvée
Pour arroser le Roquefort ou le Soignon

Peut-être qu’à défaut d’une crème brûlée
Nous prendrons en dessert des noix et des brugnons
Une tarte tatin la chose est décidée

Allant faire pipi l’horrible maquignon
La laisse seule et c’est chose malavisée
Qu’il ne faut pratiquer sans craindre le guignon
Se baissant pour saisir sa serviette tombée
Sur le bout de sa table accrochant son chignon
Qui se défait la voilà toute échevelée
Qui drague son voisin le pire nous craignons

(Le maître étant absent ce lui fut chose aisée
Ce vers est emprunté mon joyeux compagnon
Merci à la belette et au lapin mignon
Criez donc au plagiat nous nous y résignons)

Il lui servit encor maintes billevesées
À les décortiquer ici nous répugnons
C’est un grand malotru je lui foutrais des gnons

À la table à côté l’on boit du Sauvignon
Buvons un verre au fils d’Elisabeth Gagnon
Ce sont des Stendhaliens qui font une virée
Ben moi les intellos je leur pisse à la raie

À peine a-t-il fini son bout de logorrhée
Que la belle lui dit retourne à Cro-Magnon
Et quittant cet endroit sans s’être retournée
Au-dehors prend le bras du nouveau compagnon

Pour notre malappris la chose est mal barrée
Il s’exclame en lisant l’addition préparée
Je me suis fait avoir alors jusqu’au trognon.

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3 commentaires:

calvin a dit…

je garderai à l'esprit qu'il est préférable d'inviter chez soi, sa future chérie.

Anonyme a dit…

j'aime bien votre poésie et je me dis que vous devez bien vous marrer à la faire ... et cette Invitation est sûrement un de mes préférés !
"C'est un grand malotru je lui foutrais des gnons", ça me rappelle irrésistiblement le "Ainsi que des bossus tous deux nous rigolâmes" de Brassens. Le côté nonsense complet que vous pratiquez me laisse penser que vous devez l'apprécier aussi.
boujou ben ! (euh, enfin, si vous êtes bien normand)

Anonyme a dit…

à Calvin
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Oui... ou d'aller au restaurant et d'attendre qu'elle en quitte un autre qui se révèlerait mal embouché. C'est assez aléatoire.
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à La Normande aux Pyrénées
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Merci de vos compliments.
Brassens est un maître.
Je suis né à Caen. Boujou donc, payse.