31 octobre 2006

Epitre à Laflote (en défense du lièvre).

Moi, je vois un papa, qui, privé de ses loutres,
Trouve un dérivatif en prenant soin des poutres
Du familial terrier. Pourquoi donc se gausser
De l'austère façon dont ses pieds sont chaussés ?
On peut te pardonner, car tu es insomniaque,
Mais se moquer ainsi est tristement maniaque.

30 octobre 2006

Petit hymne pour Laflote, à l'occasion de son lointain trépas.

Quand Laflote a mouru
D'un mal irrémédiable
Quand Laflote a mouru
L'enfer n'en a pas voulu

J'ai assez dz soucis
Dit Satan à ses diables
J'ai assez de soucis
Non je n'en veux pas ici

Idem au purgatoir
Le malaise est palpable
Idem au purgatoir
Refusée bon sang d'bonsoir

Alors elle a fini
Aussi finit ma fable
Alors elle a fini
Bien tranquille au paradis

A perpète entendra
La harpe délectable
A perpète entendra
Allongée entre ses draps.

29 octobre 2006

Réminiscence.

Les petits-enfants qui se succèdent
Au foyer de mes vieux serviteurs
S'en vont souvent sur roulettes sans moteurs
Au bord du lac voisin voir les palmipèdes

Force cygnes sont là nageant
Gloutons et lents
Aussi des colverts et des canards blancs
Et d'intrépides cormorans
Qui mettent à sécher leurs ailes en série

Et moi je songe au bassin des Tuileries
Dans le grand roman de Victor Hugo
Un chapitre que j'ai toujours trouvé très beau
Où l'on aperçoit le jeune Gavroche
Enlever aux oiseaux un morceau de brioche
Et puis s'en aller coucher un plus petit enfant
Dans la maquette abandonnée d'un éléphant.

22 octobre 2006

Du bon usage de la fin du monde.

Pour moi, je suis de
Ceux qui trouvent fort jouissif
De voir affairés aux préparatifs
De leur suicide
Généralisé, proche et collectif
Les gens de l'humaine engeance.

Ah ! la chose est plaisante et digne d'intérêt
D'observer comment de stupides manigances
Vont avant qu'il soit longtemps donner
A leur prolifération intempestive un coup d'arrêt
Fatal, tranché, net et carré,
Faisant de la planète un vaste cimetière.

Oui, bon, bah, bien; mais pourtant ça ne fait
A franchement parler pas vraiment nos affaires.
Pour curer nos gouttières,
Pour changer nos litières,
Pour, le cas échéant d'un souci de santé,
Savoir nous accueillir en clinique vété-
Rinaire,
Pour nous brosser avec douceur,
Nous appeler: "Mon petit coeur",
Et pour chauffer nos radiateurs,
Dame, il nous faut des serviteurs.

Afin d'éviter
De subir la rage
Des chiens retournés
A l'état sauvage,
Faut-il s'appliquer
A le supporter,
Ce genre humain si peu sage ?

Oui, cela mérite un peu de circonspection.
J'y réfléchirai même après les élections.
De la fin du monde il faut faire usage
Avec parcimonie et la plus grande précaution.

15 octobre 2006

Epitre en prose à Dodinette.

Ma toute bonne,
Mon plus proche collaborateur, dont l'un des titres de gloire est en effet de figurer dans l'arbre généalogique de certaine ex-autruche (l'autre étant de veiller avec dévouement à mon bien-être matériel voire moral - il est certes un peu simplet,
"Mais pour la bouffe on ne demande pas/ Aux z'humains d'avoir inventé la pou-ou-dre "), a fait "Allemand Première langue" au milieu du siècle dernier. Il en a retenu, pour l'essentiel:
"Trarira, der Lehrer ist nicht da !", (quand le chat n'est pas là, les souris dansent) c'est à peu près tout. "Das Groschen", etc., provient d'un "Nouvel Allemand sans peine" de la méthode Assimil, vieux de vingt ans, qui traîne dans mes appartements privés. Cette expression va tomber en désuétude avec le passage à l'euro et la disparition des cabines téléphoniques.
Je l'ai aussi surpris à murmurer, en lisant par-dessus mon épaule le billet où Petitspetons annonce ses projets de vacances de neige au Québec: "Kennst du das Land, wo die Zitronnen blühn ?" Tu vois le niveau et le sens de l'à-propos...
Non, mes modestes connaissances en Allemand, je les dois plutôt à mes accointances avec certain personnage du Vatican, dont il me faut taire le nom par discrétion. Je comprends: "Licht an !" (fiat lux). Et aussi "Maul zu !", qu'il profère quand je miaule de faim pendant la messe, et qui peut se traduire par:"Viens, ma mignonne, je vais te donner un petit en-cas en attendant l'heure du repas principal". C'est fou comme l'Allemand peut dire beaucoup de choses en peu de mots.
Je ne désespère pas d'apprendre le Maggyar (accent québecois) avec Petitspetons et l'Italien (accent de Catalogne-Nord) avec Laflote.
Sur ce, très chère, je lèche le sirop d'érable sur le sol entre tes babouches, et à la prochaine.

14 octobre 2006

Hormones et culture.

En dosages variés habitent nos humeurs
Et la progestérone et la folliculine
C'est leur dévers dans nos circulations sanguines
Qui dicte la réponse à nos solliciteurs

Et nous réagissons par diverses faveurs
Au flux de leurs pissats qui flattent nos narines
Telle reste de marbre et telle Messaline
Joue à plus folle de son corps que moi tu meurs

Chez les z'êtres z'humains la chose est plus complexe
Et fait interférer d'autres considérants
Qu'on ne peut résumer à de simples réflexes

Prestige du pouvoir qu'en dira-t-on argent
L'amour-propre aussi compte et le désir d'enfant
Et tout cela concourt à me laisser perplexe.

08 octobre 2006

Le Pitre.

Ce chapiteau mes chers touristes
Est au Marquis de Carabas
Le Chat Botté montre la piste
Où clown Auguste offre-t-il pas
Entre écuyère et trapéziste
Un numéro d'équilibriste
Et jongleur et fildefériste
En s'avançant à petits pas

Non n'applaudissez pas l'artiste
Demeurez silencieux j'insiste
Non surtout n'applaudissez pas
A tous les coups ce serait triste
Vous le feriez tomber à bas

Faudrait quérir les secouristes
Pour l'emporter à bout de bras
Allongé sur un matelas
Démantibulé regard las
Consulter un orthopédiste
Voire acheter chez les fleuristes
Des pots de chrysanthème hélas.