L'appel au civisme.

Vers ci-joint oubliés dedans un isoloir

Je vous les montre afin que vous les puissiez voir

Mesdames les fourmis craignent le tamanoir

C'est l'horrible abstention qui peut nous décevoir

Comme vous le savez une terrible guerre

Mit aux prises jadis les Grecs et les Troyens

Revenir là-dessus ma fois il n'y a guère

Tout bien considéré il n'y a pas moyen

Ce qui est fait est fait nul ne le peut défaire

Vous pouvez gigoter sur le mur mitoyen

Vous laisser aller à commettre l'adultère

Cela importe peu je vous l'ai dit naguère

Je vous le veux tonner en vers jupitériens

Une aimable vertu fait le bon citoyen

Lors suivez votre route et n'écoutez en rien

Les vociférations de ceux qui vocifèrent

Et nos peignoirs ne sont-ils pas républicains

J'en compte côte à côte un bleu un blanc un rouge

Ils ne sont pas au vent aucun d'entre eux ne bouge

Sagement alignés dans la salle de bain

L'autre scrutin j''ai retrouvé dans une poche

Un bulletin de vote énormément trempé

Votez bons citoyens et puis allez en paix

S'abstenir de voter je vous le dis c'est moche.

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Sartre et son chat.

Les ronronnements de mon chat

Sauvent le cours de la planète

En possession de bons d'achat

Que voudriez-vous que j'achète

Sinon des sachets de croquettes

Ce tantôt sa langue rèche a

Dedans son bol fait place nette

Doutiez-vous qu'il s'en pourléchât

Par avance les badigoinces

Voyez-vous c'est là où ça coince

Frottant comme ça l'oreille il ferait beau voir

Simone alors qu'il fît pleuvoir.

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Soupente la nuit.

Le froid ne passe pas à travers les mitaines

On peut laver ses mains et boire à la fontaine

Sur l'étroit lit de fer s'échangent les serments

Au mur est accroché l'instrument de musique

Ses accents sont censés faire fuir les moustiques

Le coin bouquins accueille aussi les vêtements

La loupiote à regret lâche un peu de lumière

Un chat passe parfois souple sur la gouttière

Et par le vasistas on voit le firmament.

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Dérapage.

Tu ne lorgneras point la femme du voisin

Tu ne mangeras point de jambon de Bayonne

Tu t'abstiendras d'alcool obtenu du raisin

Et tu mettras à mort pour ses mauvais dessins

Dans un ample geste assassin

Le dessinateur qui crayonne.

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Épigramme.

Sissi nouveau raïs va promener sa laie

Il la laisse attachée au seuil de la mosquée

La laie Sissi

La laisse ici.

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Du rififi chez les bêtes.

Le lapin voit venir à lui

Plus vite qu'un vélocipède

Un serpent python dont l'oeil luit

Hélas à mon secours à l'aide

Un cheval vient

En catastrophe

Qui apostrophe

Cet ophidien

Hé laisse mon copain le lapin triste andouille

Sinon j'en fais serment parbleu je t'écrabouille

Le serpent tourne les talons

Car il a peur de l'étalon

Merci noble cheval il a fort craint votre ire

Et d'être transformé par vos

Habiles et piaffants sabots

Incontinent en poêle à frire

Le serpent surmonte sa peur

S'arrête et fait un doigt d'honneur

Mais prudemment reste à distance

Il comprend la leçon je pense.

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Scandale.

La paroisse est en émoi

L'abbé n'a pas dit la messe

Nous sommes remplis d'effroi

Il a du goût pour la fesse

Il l'ira dire à confesse

Au purgatoire il fait froid

Que vous êtes maladroit

Pardon pour ma maladresse

Faisons un signe de croix

C'est là le geste adéquat

Sans raisonner à la noix

Cavalons à fond la caisse

Je ne sais ni quoi ni qu'est-ce

Je vais dans l'île de Groix

Et moi je pars pour la Grèce

Il faut passer le détroit

Je le ferai sans détresse.

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Service presbytérien.

(poème athéologique)

                                                                  Ye're no wise, minister.

                                                                                    Stevenson

                                                                              Thrawn Janet

Dans le service athée eh eh

Il y a l'athéière

Avec le sucrier

Le petit pot beurrier

La modeste corbeille à vocation panière

Il faut un nuage de lait

Versé d'un pot ensorcelé

Le clergyman relit un sermon emphatique

Précédemment écrit à l'encre sympathique

On a vu l'homme noir

Traverser tantôt la vallée

Figure auréolée

D'un insondable désespoir

Et cependant la théière

Conçue par Bertrand Russell

Tourne et tourne dans le ciel

Minuscule et pas peu fière.

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Exorcisme.

L'âne avait soif il avait faim

Le diable habitait sa carcasse

Tu peux trotter je te tracasse

Je t'ennuierai jusqu'à la fin

Satan est un triste aigrefin

Dans la bourrique il embarrasse

Pour que le Saint Esprit le chasse

De l'eau bénite usez enfin

Si l'exhibition de la croix ne

Manque pas de chasser Satan

Donnez à l'âne son avoine

À porter les fardeaux des moines

Il se fera moins reluctant

Et vous y gagnerez d'autant.

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Matinée.

Les oiseaux perchés là-haut sur la canopée

Friands de vers

Chantent des couplets et des refrains rosses

Lui tient en respect s'aidant d'une canne-épée

Tout de travers

Un assortiment d'agressifs molosses

Être un géant dans un univers de poupée

Frêle univers

Ou tout petit prisonnier des colosses

Ô négligeable petit rien

Pas plus dodu qu'un acarien

Éclat de rire en fin de rêve

Lune et soleil ensemble complotant

Il se tourne et retourne tant et tant

Le tout suivi d'un réveil sanglotant

Comme qui dirait la trêve

C'est bon pour un bout de temps

Puissions-nous en dire autant

Au temps du réveil l'heure est brève

Il alla courir sur la grève

En courant il eut le coeur palpitant

Tant qu'après s'être intimé cours ou crève

À la fin son pas se fit hésitant.

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