19 septembre 2025

Deux temps trois mouvements

 

                        I

La vie s'écoule

Le temps s'éboule

Un bout de l'avenir vient de s'en arracher

Et de se ramasser dans le fossé fauché

Pour l'y pouvoir saisir il faudrait se pencher

Mais le temps d'y penser un autre pan s'écroule


Macareux « jamais plus » du corbeau répétant

Il se plaît à nicher au flanc de la falaise

Puis il reprend son vol content

L'imaginant cheval seriez-vous plus à l'aise

Il se fait tard le temps las de piaffer ronge son frein

Frottant contre le mur longuement son chanfrein


                        II


De mon temps dit le vieux les grand-mères

Qui disaient par ailleurs volontiers « de mon temps »

Vêtues par tous les temps et tout le temps

De tissus d'un noir austère

Maugréaient contre le mauvais temps

Le vent et le brouillard tout ça tout ça la pluie

Qui nargue les rhumatisantes les ennuie


Les aïeules d'aujourd'hui

Le bonheur les rajeunit

Pour le moins de quatre lustres

Le temps-oiseau longtemps le plumage se lustre 

Et pendant ce temps-là le temps-cheval hennit


                        III


Le rhododendron prompt aux floraisons tardives

S'en va fleurir pour ainsi dire à contretemps

Les cieux sont blancs comme sont les endives

Mon Dieu mon Dieu quel affreux temps

Le temps se met au beau et puis le temps s'étire

Et je ne sais pas trop en vérité qu'en dire

Car ce n'est pas le même il semble bel et bien

Confondre deux concepts distincts ce n'est pas rien


Tout d'abord le temps s'agite

Puis le temps s'est assagi

Le temps de trouver un gîte

C'est de cela qu'il s'agit.


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