La nièce du pirate

Lorsque l'ouragan fait rage

Celui qu'on ne doit surtout point nommer

Et qui fit la meuffe à son image

Suit le bâtiment à la nage

Ne le dessinez pas il vous faudrait gommer

A son instigation je cours les mers

Souventes fois je crie à l'abordage

Promettant aux marins des souvenirs amers

J'avance à rame à voile ou à vapeur

Le moyen choisi m'indiffère

Lorsque je suis ici le téméraire

Est vraiment le seul à n'avoir point peur

Certainement je suis hargneuse et sanguinaire

Si je n'acquiers point de sequins

Je jette les gens aux requins

Je suis belle à damner et quiconque s'approche

Hop je mets le grappin et le damne en effet

Je l'accroche

Et c'est fait.

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Voyage en mer avec le diable et les pirates

Dans sa cambuse le cuistot

Travaille encor sa chapelure

Et dans les mats les matelots

S'en vont adapter la voilure 

J'irai prêcher dans le désert

Il est plus tard que tu ne penses

La mort sera ta récompense

Mais épargnez-moi vos grands airs

Le diable inquiétant personnage

Attisant du vent les clameurs

Dit j'organise le naufrage

Lors vends-moi ton âme ou bien meurs.

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Autre contribution à l'art poétique

Quand l'hiver au front vous baise

Laissant un bon goût de fraise

Comment ça mon beau neveu

C'est la rime qui le veut

Cela fait hocher beaucoup des têtes chenues

Comme un défilé de mannequins toutes nues

Comment ça mon beau cousin

La rime vous rend zinzin

La raison juge hérétique

N'y songez pas sans frisson

À proximité d'un hérisson

De s'y frotter c'est alors qu'on s'y pique.

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Sortilège

 

Le diable inquiétant personnage

Vous fera faire dès demain

Un tour dans un autobus à étage

Qu'il aura extirpé de son bagage

À main. 

Chirurgie en musique

 

Ce matin la chirurgienne

Se penche sur un appendice à réséquer

Pour se donner courage elle entonne une ancienne

Rengaine où Pierrot dit que l'on bat le briquet

On entend pas très loin bruire* une éolienne

Ah doucement les basses elle dit

Tandis que l'opéré reconduit dans un lit

En salle de réveil sort de la torpeur sienne

Ignorant ce qu'il doit à l'illustre Lulli.

* di-érèse, Thérèse !

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Manie consolatrice

Un vieillard impotent contemple des oranges

Ce faisant il éprouve une joie sans mélange

Et passant outre un pamplemousse un peu pressé

D'un tas de citrons il approche ses narines

Fredonne songeur « Oh my darling Clementine »

En se remémorant chaque fois le passé

Chaque jour que Dieu fait notre podagre hume

Au marché fébrile et maniaque les agrumes.

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