Équinoxe honfleurais

 

Rêvé la mer est bien froide

Tous nos vêtements mouillés

Dans l'église agenouillé

L'enfant de choeur se tient roide

C'est fort peu de chose foi de

Pélerin débarbouillé

Son surplis il l'a souillé

Et Marie point ne dissuade

Le gamin une gamine

Qui caresse un bâtonnet

Cierge ou vit de garçonnet

Pour jouer à cousin cousine

Point ne faut s'en étonner

Avec sa tendre copine.

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l'Italie lit, Lili, et laisse le lilas fleurir

La Lili aime surtout les filles

ça ne plaît guère à sa famille

mais elle peut à l'occasion

Souvenirs d'automne

Foin des parlottes

Pinson Charlotte

Sorcellepleure

 

Le père Limpainpain est mort

Et c'est sa veuve qui vous cause

Si vous narguez ma ménopause

Je m'en vais vous jeter un sort

La sorcellerie se fait fort

De vous envoyer sur les roses

J'ai mon balai qui s'ankylose

Oublier cela c'est un tort

Et le promis ensorcelé

Trouvant sa promise cuitée

Craint fort l'ennui d'une nuitée

Alors il boit un bol de lait

Lui dit tu ne fus pas futée

Pète et finit par s'en aller.

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Révolte ruminante

 

La vache dit le taureau

Mon orgueilleuse femelle

Offre les pis de sa généreuse mamelle

À nos aimables petits veaux

Mais le gros de son lait finira dans des seaux

Que l'éleveur vendra fort cher en laiterie

Par mes sabots c'est là triste plaisanterie

Frères bœufs mes amis paisibles et vachards

Vous regrettez le temps que vous tiriez des chars

Mes sœurs ne vous laissez plus traire

À la trayeuse enfin il vous faut vous soustraire

Baissons un front de fronts cornus et revanchards.

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Sonnet précieux et imparfait

Dans le couloir je vis passer la queue du chat

Précédée d'ailleurs du reste de sa personne

Quelques instants avant qu'un visiteur ne sonne

Le chat s'est échappé ne sais quand reviendra

Le dormeur à la fin retourne dans ses draps

Le bruit de sa pantoufle absurdement résonne

La sorcière en son rêve et ricane et poinçonne

Quitte à multiplier les abracadabras

Nous entendons dehors bruisser les tamaris

Et dans notre grenier galoper les souris

Quand le chat n'y est pas elles sont chorégraphes

Ont tôt fait de ronger testaments olographes

Ne laissant que les coins où siègent les agraphes

Qui vont où vont les applaudissements nourris.

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Addendum

Je vous le dis par tous les diables

Un tel poème est indédiable

Inspiré indéniablement

Par un de ces diables qui ment

Ah mon guieu mon guieu quelle histoire

Tel un prieur au réfectoire

Un dogmatisant malotru

Apocalyptique et ventru.

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Notoire vertu.

 

(villanelle)

Sans flatterie ostentatoire

Louons le tabac à priser

Pour sa vertu sternutatoire

Que l'on ne saurait mépriser

Sans flatterie ostentatoire

Il vous faut vous en aviser

Mais laissons là notre écritoire

J'ai ma chaussette à repriser

Certains efforts sont méritoires

L'animadversion natatoire

Servant d'excuse absolutoire

Sans flatterie ostentatoire

Pris d'obsession navigatoire

Lançons la course aux alizés

Pour sa vertu sternutatoire

Elle permet de s'amuser

Pour sa vertu sternutatoire

Sans flatterie ostentatoire.

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Fragment bavard pour un art poétique

 

Je composais à Saint-Aignan

Et butant sur le mot poignant

Je piochai dans mon sac à rimes

J'en extirpai ce pauvre gnan

Les détritus c'est répugnant

Tout juste assez bon pour la frime

Lors je demande à mes intimes

L'un me suggère un Marignan

Un autre en tient pour d'Artagnan

Un troisième a dit Frontignan

Vu du grand nord et à l'estime

C'est du côté de Draguignan

Un quatrième c'est gnangnan

Et je me morfonds en geignant

Mon désespoir est trépignant

Choisis ce que bon tu estimes

Mais crains un piège malignant

Offre-toi donc un steack saignant

Qu'un Zeus en quinze espoir ultime

Tant d'oeufs cassés tiercé gagnant

C'est Marignan dis-je en grognant.

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Vélocités

 

Ouh la fièvre

De ce lièvre

Quand au jaillir du starting-block

Il est encor gonflé à bloc

Sa honte bue

Il s'élance sur les pas

De la tortue

De son côté dans son repas

Interrompue

La panthère encor loin d'être repue

Bondit partit courut hors de la vue

Se jurant bien de revenir

Dévorer sa proie à loisir

La noble bête

S'est mis en tête

D'attendre son heure et soyez patient

Elle saura bien revenir à bon escient

En semelles de liège

Au mépris de tout piège

Qu'un chasseur vraiment futé

Eût contre elle concocté

Moralité peut-être un peu violente

Ainsi donc disait-il l'inestimable auteur

Le lièvre a pu filer comme un vélomoteur

Il ne peut rattraper la tortue insolente

Et sa démarche en vérité si lente

Lors il se console en se comparant

Au bouillant Achilleus immobile et courant.

Complément

 

Il nous a manqué l'horrible mygale

La voici juchée sur son octotrain

Elle vient à table où l'on se régale

De notre appétit coupant net l'entrain

Et pour la mettre en fuite il vous faudra messire

De votre grand couteau menacer de l'occire.

La belle affaire

 

Est-ce vous comte de la Fère

qui calomniez les absents ?

A. Dumas

(Vingt ans après)

Juché sur son dromadaire

L'estimable comédien

Venu pour vider son verre

De lait au rhum quotidien

Rôde auprès du frigidaire

Et débusque un ophidien

Caché près de la soupière

La mangouste de céans

A su d'un seul coup de dents

Lui conclure son affaire

Pour en faire son repas

Et puis la voilà-t-il pas

Maintenant qui fait la fière

Sur ses pattes de derrière

Les siennes propres j'entends

Le serpent étant né sans.

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