Appel à la tempérance

Tel buveur de calva si m'en croyez boit trop

Quatre ou cinq gobelets coup sur coup et au trot

Et toc voilà-t-il pas qu'il roule sous la table

L'intempérance je vous dis est regrettable

Guillaume le Bâtard n'en buvait pas autant

Quand il passa la Manche ( ou Channel ) en son temps

L'on risque de mourir bientôt d'une cirrhose

Comme meurt un lapin d'une myxomatose

Ce que j'en dis sincèrement c'est pour son bien

Celui de ce buveur et non pas de Guillaume

Dont il reste un tibia dans l'Abbaye aux Hommes

Ainsi ô lecteur bienveillant que pour le tien.

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Mauvais temps

Il a plu maintenant il vente

Le temps est plutôt contrasté

Le veau sous la vache a tété

Les campeurs restent sous leur tente

Pour le temps il faut patienter

On attend mais c'est vaine attente

Et l'attente est débilitante

Il convient d'attendre l'été

Emmitouflez-vous bien ma tante

Si vous sortez de mon côté

Je m'en vais préparer un thé

Fait vilain la chose est patente.

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Addendum post-potache

 

                Las si j'eusse étudié / Au temps de ma jeunesse folle

                                                (François Villon)

De temps en temps le train Paris-Cherbourg passait

Celui que prit Trotsky partant pour l'Amérique

Un troupeau de bovins sur la prairie paissait

Le passage du train les rendait euphoriques

Regardez-voir mes veaux le train Paris-Cherbourg

Qui vers un océan les voyageurs emporte

Cela mériterait roulement de tambour

Ou bien des meuglements d'honneur en quelque sorte

J'écoutais mollement quelque cours de philo

Mollement c'est le mot tiédeur abominable

Car songer au lieu de réfléchir c'est ballot

C'est gaspiller son temps et bâtir sur le sable.

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Le voleur de pommes

Lors du commencement seul était le chaos

Puis Toi l'Esprit Tu vins qui mis tout en musique

Toi qui règles absolument tout de là-haut

Le sort des gens la biochimie et la physique

Tout est prévu jusques au Jugement dernier

Même les fruits cueillis que j'ai dans mon panier.

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Evocation

Sont-ce toujours les mêmes murs

Les escaliers et les toîts j'en demeure à peu près sûr

De la prairie voisine on contemplait coupable l'herbe

Las le lieu a perdu avec le temps de sa superbe

Ce ne sont plus les mêmes gens

Qu'on se réjouisse du fait ou qu'on le trouve affligeant

C'est le nom d'un poète* et celui d'un village

Arrosé par l'Ajon plus loin dans le bocage

La plaque d'inauguration

Cette remarque est délicate

Porte par malheur une date**

Honteuse et pourtant digne d'attention.

*Malherbe

** 17 octobre 1961

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Fantaisie pour gallinacés

 

Le sort du monde amis dépend

De la copulation des paons

Avec leurs compagnes les paonnes

Moins immodestes mais friponnes

Et de l'heureuse couvaison

Qu'il leur faut assurer lorsque c'est la saison.

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Le lièvre et la tortue (remake)

Non loin de la tortue

Si sagement tendue

Vers le but qu'elle s'est fixé

Une hase dodue

Mollement étendue

Savoure un cocktail qu'elle vient de se mixer

Encaisser l'insuccès sans vouloir se vexer

Certes la chose est ardue

Et sa survenue

Quelque peu inattendue

L'une aime à cultiver sa régularité

Ou bien si le lecteur préfère

Soigne son festina lente

Le négliger c'est mortifère

L'autre anticipe un congé de maternité

Pour ses levrauts mis bas qu'il lui faut allaiter

Privilège de mammifère

Il n'y a pas de quoi le concurrent boxer

Mais j'entends la sonnette allons voir ce que c'est.

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Maintenant et jadis

 

Toujours le dos endolori

Chante chante canari

Quelque méchant homme a péri

Chante chante canari

Du ruisseau la source a tari

Chante chante canari

Quelque part le monde est pourri

Chante chante canari

Grignote bien ton céleri

Chante chante canari

Quand nous jouions au jokari

Chante chante canari

Elle m'appelait son mari

Chante chante canari

Disant tous tant que vous êtes

Vous êtes tellement bêtes

Je vous ferai tous cocus

Le chat l'a dévoré il ne chantera plus.

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Livraison de la Saint Trotsky

Débarrassons-nous des dévôts

De leurs ruses et de leurs rages

La vache aura tantôt des veaux

Heureux buveurs de laits nouveaux

Qui la suivront au pâturage

Comme Rémus

Et Romulus

Suspendus au flanc de la louve antique

Las un jour le boucher au couteau pathétique

Mais passons j'ai besoin là d'une rime à veau

Car voyez-vous la rime

Fait que dans le cerveau

La poésie s'imprime

Et sur la prose elle prévaut

C'est là tout l'intérêt de cette noble escrime

Dans notre chaudron

Le ragoût mijote

Sans rime avec rhododendron

Et le feu crachote

Une pensée pour Don Quichotte

Sur leurs proies les vautours fondront

Et certainement ils voudront

Laisser de la plume avec le goudron.

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Scène champêtre

 

Un campagnard s'exaspère

En observant pas à pas

Certain lapin à poil ras

Qui non loin de son repaire

Guette une lapine en rut

Qui veut être foutue* zut

* Grand merci à Baudelaire

Il – je parle du lapin –

L'entreprend sous un sapin

Le campagnard s'émoustille

À l'idée de la famille

D'adorables lapereaux

Allez ça va bien hého.

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Histoire de France et d'ailleurs

Le sens des mots ensorcelle

Il faut y faire attention

Manipulons nos crécelles

Ô vénérable nation

Depuis l'insigne Pucelle

Si férue d'équitation

En passant par Gabrielle

D'Estrées – j'ai de l'instruction

Jusqu'à – foin de la Gabelle

Jusques à la Convention

Et ça repart de plus belle

Avec la Restauration

C'est toute une ribambelle

Vous n'en avez pas notion

Notons les industrielles

--Trois au moins – révolutions

Il suffit d'une étincelle

Pour lancer la combustion

C'est là maladie rebelle

À toute médication

Surtout sans négliger celles

Dont on peut faire mention

Rostropov' au violoncelle

Fait du Mur l'abolition

Mieux qu'user de tractopelles

Pour hâter sa destruction

Quelque macabre nouvelle

Nécessite explication

Donald nous la baille belle

Triste sophistication

Pousser faut la balancelle

Dans une autre direction.

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